Les constructeurs auto en quête de liquidités

À voir le rythme auquel les firmes allemandes multiplient ces derniers temps les opérations sur le marché obligataire, cela pourrait presque en devenir inquiétant. Depuis le début de l'année, Volkswagen a enchaîné pas moins de trois opérations pour un montant total de 5 milliards d'euros. BMW n'est pas en reste avec deux émissions pour un montant de 2,1 milliards. Seul Daimler se contente d'une seule opération pour 2 milliards d'euros.Une frénésie d'émissions qui n'est pas étrangère au resserrement des spreads depuis le début de l'année. Volkswagen a ainsi emprunté dans une fourchette de 320 à 380 points de base, et BMW entre 300 et 370. Ne bénéficiant pas de la même image que ce dernier auprès des investisseurs, Daimler se contente d'un 485 points de base, correspondant à un coupon de 7,8 %. Un taux certes élevé, mais qui l'est moins que ceux pratiqués en fin d'année. À titre de comparaison, en novembre BMW avait levé 750 millions d'euros à 8,87 %, et Daimler 1 milliard à un taux supérieur à 9 % ? soit 600 points de base, le spread qu'offraient les obligations Fiat en 2003 lorsque la firme italienne était au bord de la faillite.Fenêtre de tir« Le resserrement des spreads est une opportunité pour les constructeurs qui empruntaient en fin d'année à des niveaux très élevés. La fenêtre de tir n'est pas anodine puisqu'elle se situe juste avant la publication des résultats annuels », soulignent Pierre Bergeron et Stéphanie Herrault, analystes crédit à la Société Générale. Ils estiment en ce sens que les opérations ne devraient pas se poursuivre au même rythme sur le restant de l'année. « Ils privilégient pour l'heure la liquidité à la rentabilité afin de soutenir l'activité de leurs filiales captives qui proposent beaucoup plus de crédits que celles des constructeurs français », résument les analystes crédit de la SG.D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si les filiales financières des firmes françaises n'ont pour l'heure par tiré de façon excessive sur le crédit qui a été mis à leur disposition via la SFEF. Sur le milliard disponible (soit 500 millions chacune), RCI, la filiale de Renault, et Banque PSA Finance (BPF) n'ont respectivement utilisé que 280 millions et 446 millions d'euros. RCI précise à ce titre que son emprunt a été réalisé à un taux « à peine supérieur à 4 % ». En comparaison des opérations réalisées par les constructeurs allemands sur le marché obligataire, les filiales captives des firmes françaises bénéficient au final de conditions plus avantageuses malgré une signature de moindre qualité. Reste à connaître les contreparties qui seront demandées aux constructeurs français en échange de prêts bonifiés. Gaël Vautrin5 milliards c'est le montant de trois opérations réalisées par Volkswagen depuis le début de l'année.
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