Le BTP aux pieds d'argile

Italcementi hier, Ciments Françaisdil;ais la veille, Holcim mercredi? Cette semaine a été riche en publications de comptes annuels, dans le secteur européen de la construction. Un secteur diablement à la peine : l'indice Bloomberg de la construction en Europe décroche de près de 30 % depuis janvier et, au cours des quatre derniers mois, Moody's a abaissé les notes de solvabilité ou dégradé les perspectives de dix des onze valeurs suivies par l'agence d'évaluation financière.À l'heure où les investisseurs se défient des sociétés très endettées, les groupes de construction font figure d'épouvantails avec des bilans alourdis par de récentes acquisitions. C'est le cas de Lafarge, qui avait racheté Orascom fin 2007. Résultat, le français supporte aujourd'hui une dette nette de 16,9 milliards d'euros, soit 1,15 fois ses fonds propres.Certains groupes pourraient en arriver à ne plus respecter leurs covenants (clauses) bancaires, selon Moody's. Tout simplement parce qu'ils n'engrangent plus assez de bénéfices pour rembourser leurs dettes, crise de l'immobilier oblige. Une crise telle que la consommation mondiale de ciment pourrait chuter de 5 %, voire de 10 %, en 2009, estime Moody's. Ce qui déclencherait une guerre des prix dans un secteur en situation de surproduction. Très internationalisés, les groupes de construction étaient toujours parvenus à contrebalancer les mauvais résultats de certaines zones géographiques par les bonnes performances d'autres régions. Mais la crise économique actuelle sévit dans les pays émergents comme sur les marchés matures.l'érosion à venirCertes, la facture énergétique, qui représente 25 % à 30 % des charges d'exploitation des entreprises du BTP, s'est allégée grâce à la chute du prix du pétrole depuis août dernier. Mais pas suffisamment pour compenser l'érosion à venir des marges des groupes de construction, regrette Moody's. L'agence n'est guère plus optimiste en ce qui concerne les plans de développement et de rénovation des infrastructures publiques lancés par plusieurs gouvernements, dont l'administration Obama. Ces plans ne devraient pas avoir d'impact sur les comptes des entreprises du BTP avant la fin 2009. Du coup, au-delà des augmentations de capital et des réductions de dividendes, des ventes d'actifs devraient intervenir dans le secteur, afin d'assainir les bilans. Encore faut-il parvenir à tirer un bon prix de ces cessions. Christine Lejoux
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