Jean-Claude Juncker broie du noir

L'éclatante étoile européenne de Jean-Claude Juncker s'est soudain éteinte. Alors que le Premier ministre luxembourgeois était encore le candidat « idéal » il y a quelques mois pour devenir le premier président de l'Europe après l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne ? prévue le 1er janvier 2010 ?, son comportement face à la crise financière, notamment sur le secret bancaire, a indisposé ses plus fidèles soutiens, à commencer par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. Quand le tsunami des subprimes américains touche les côtes européennes en septembre, la relative inaction du président de l'Eurogroupe énerve le président en exercice du Conseil européen de l'époque, mais sans plus. Nicolas Sarkozy prend alors les rênes en main et convoque, dès le début octobre, le premier sommet de l'Eurogroupe de l'histoire. Les discussions européennes se focalisent rapidement sur deux volets. D'abord éteindre l'incendie avec des plans coordonnés de relance et ensuite réguler les marchés financiers internationaux. Naît alors l'idée d'une conférence du G20 réunissant les pays riches et les émergents pour un remake de Bretton Woods. Plate-forme de discussion Entre-temps, l'élection de Barack Obama change la donne américaine. Le nouveau président élu n'est pas présent à la première réunion du G20, en novembre, à Washington, mais son ombre pèse. Ce qui renforce la main des Européens qui remettent ouvertement en cause les paradis fiscaux. Jean-Claude Juncker, qui n'est pas présent à Washington, freine des quatre fers. Les Européens ont du mal à s'entendre sur un texte mettant clairement en cause le secret bancaire lors de leur sommet de décembre, qui marque symboliquement la fin de la présidence française de l'Union. C'en est trop pour Nicolas Sarkozy. « Un défenseur du secret bancaire, alors que nous sommes dans un trou noir financier, ne peut pas présider l'Europe », s'exclame l'un de ses proches. Pour éviter d'être sur la liste noire des paradis fiscaux du G20, lors du sommet de Londres le 2 avril, les trois pays européens concernés ? Luxembourg, Autriche, Suisse ? réunissent ce dimanche à Luxembourg leurs ministres des Finances pour définir « une plate-forme » de discussion pour analyser les solutions possibles tout en écartant la levée du secret bancaire. Ce n'est pas sûr que cela convienne au G20. Marc Deger
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