Le Vatican loue

À moins d'un mois du sommet du G20 de Londres, beaucoup s'interrogent sur les « nouvelles règles de la finance occidentale », et pas seulement à Washington, à la City ou à Francfort.La crise financière est ainsi devenue un thème central pour le Vatican. Mercredi dernier le quotidien de l'État papal, l'« Osservatore Romano », faisait sa une sur quatre colonnes sur « les banques qui font peur », en liaison à « la panique des marchés » à la suite de « l'effondrement des bénéfices » de la banque britannique HSBC. Mais surtout la débâcle financière et économique suscite moult propositions au Saint-Siège. Ce quotidien officiel du Saint-Siège a publié le même jour un long article titré « Idées et propositions de la finance islamique pour l'Occident en crise ». Aussi surprenant que cela puisse paraître, notamment après la critique du pape Benoît XVI de l'islam dans son discours de Ratisbonne de septembre 2006, le Vatican s'intéresse aux principes guidant la finance dans le monde musulman pour remettre le capitalisme sur une base plus morale. L'économiste Loretta Napoleoni et Claudia Segre, auteurs de l'article, estiment que « la finance islamique peut contribuer à la refondation de nouvelles règles pour la finance occidentale », désormais en « pleine crise de confiance vis-à-vis du système ». Elles décrivent par le menu diverses pratiques de la finance musulmane comme des « instruments pouvant reporter au centre l'éthique des affaires, en permettant de récolter des liquidités et aider à reconstruire la réputation du modèle capitaliste qui a échou頻. Des obligations islamiques « sukuk », « toujours liées à un investissement réel, comme la construction d'une route ou d'un immeuble, et jamais à des fins de spéculation », pourraient être émises par des banques occidentales pour aider « l'industrie automobile en crise ou pour financer les prochains Jeux olympiques à Londres ». « l'avarice, l'idolâtrie... »Le Vatican s'intéresse au principe islamique de rejet de la spéculation, « de l'argent utilisé pour générer plus d'argent », à l'instar des « fonds de gestion alternative », les fameux hedge funds. Il semble même que le Saint-Siège plaide aussi contre les paradis fiscaux. Autant de positions qui s'inscrivent dans le contexte de la rédaction de la prochaine encyclique de Benoît XVI attendue avant l'été et consacrée au social et à l'économie. Il en a donné un avant-goût la semaine dernière en dénonçant « l'avarice comme péché, l'idolâtrie qui s'oppose au vrai Dieu », c'est-à-dire celle de la richesse. « Il faut dénoncer ces erreurs fondamentales révélées maintenant par la chute des grandes banques américaines » a lancé le Saint-Père. La finance islamique n'intéresse pas que le Vatican : en France, l'administration fiscale vient récemment d'adapter sa législation, pour y préciser le régime applicable à ses deux principaux outils que sont la « murabaha » et les « sukuk ».Frank Paul Weber, à Rome
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