La charcuterie ne fera pas de gras en 2008

La filière charcuterie est inquiète pour l'avenir de ses 350 entreprises et ses 37.000 salariés. Malgré une bonne résistance dans les grandes surfaces en 2008 (? 0,4 % en volume mais + 1,3 % en valeur), les ventes de jambons, rillettes, pâtés et autres cochonnailles s'annoncent difficiles en 2009. « La crise est encore devant nous lorsque les milliers de nouveaux chômeurs feront attention à leurs achats quotidiens », s'alarme le président de la fédération des industriels du secteur, Robert Volut.Au-delà des ventes, ce sont surtout les marges qui souffrent d'un rapport de plus en plus tendu avec la grande distribution. Les négociations qui viennent de s'achever ont été très mauvaises, les fabricants ayant été incapables de passer la moindre hausse de prix malgré un coût de matière première (notamment le porc) encore élevé. Du coup, la marge nette de la filière devrait pour la première fois être proche de zéro en 2008, après un taux moyen de 1,2 % entre 2005 et 2007 et de 5 % il y a cinq ans. « Les distributeurs se paient sur notre dos en vendant en moyenne à 9 euros le kilo quand on leur vend à 5 euros, soit 50 % de marge alors que leurs coûts de structure ne dépassent pas 25 % », dénonce Robert Volut.RESTRUCTURATIONUne situation très difficile pour un secteur composé à 85 % de PME, qui disposent de peu de fonds propres et sont très dépendantes de la grande distribution. La grande vague de restructuration et de concentration devrait donc s'amplifier. Brocéliande, la filiale jambon cuit d'Unicopa, est à vendre et Aoste vient de fermer son usine de Saint-Étienne, supprimant 200 emplois au passage.La qualité des produits, vendus à 70 % sous marque de distributeur dans les grandes surfaces et à 23,5 % en hard discount, est aussi susceptible de pâtir de cette situation de crise. Déjà, les andouillettes, boudins et autres spécialités du terroir se raréfient dans les rayons au profit de références plus grand public. Et les excès d'eau et de sel pourraient diminuer moins vite que prévu si les industriels ne peuvent investir dans de nouvelles recettes.Sophie Lécluse70 % des ventes de charcuterie en volume (et 60 % en valeur) sont le fait des marques de distributeur.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.