Airbus pense limiter la casse en 2010

En janvier devant la presse, la boule de cristal qu'avait interrogée John Leahy pour établir des prévisions commerciales en disait long sur le manque de visibilité auquel Airbus était confronté. Le directeur commercial de l'avionneur l'a remisé au placard pour s'aventurer à nouveau à faire des pronostics devant une soixantaine d'analystes réunis les 1er et 2 avril à Broughton en Angleterre. S'il vise toujours en 2009 sur un nombre de livraisons d'avions plus ou moins équivalent à celui de l'an dernier (483), John Leahy a pour la première fois évalué en 2010 le nombre d'avions livrés, qui sera proche de celui de 2009, avec une marge d'erreur de 10 % à 15 % maximum à la baisse. Soit le scénario du pire avec une production en retrait de 50 à 70 avions dans l'année, l'équivalent de 4 à 6 appareils en moins par mois. Des chiffres en apparence élevés mais très éloignés des discours des observateurs, estimant l'année 2010 catastrophique.« Selon Airbus, explique un analyste, des compagnies aériennes veulent conserver leurs livraisons en 2010 pour ne pas passer à côté du rebond de 2011 et perdre des parts de marché. D'autant que le marché du financement d'avions aura repris. » Certains transporteurs auraient même exprimé leur mécontentement à l'encontre du décalage de 2009 à 2010 de leurs livraisons à cause de la baisse de cadences décidée par Airbus. Par rapport aux objectifs initiaux de hausses des cadences, la baisse avoisine les 20 %.« nouvelles réductions »Pour beaucoup, les prévisions de John Leahy semblent trop optimistes au regard de la crise qui frappe le transport aérien. « Il faut s'attendre à de nouvelles réductions d'investissements de la part des compagnies européennes et asiatiques quand elles auront des problèmes de cash », indique un analyste. Vouloir prendre livraison des avions pour anticiper une reprise est une chose mais les financer en est une autre. Les banques ont pour l'heure toujours très peu d'argent à prêter, notamment pour les demandes de financement à long terme. Elles se positionnent essentiellement sur les ventes garanties par les organismes de crédit à l'export. Aujourd'hui, les banquiers ne voient pas d'amélioration pour 2010. « Nous aurons besoin que des États réitèrent ce que la France fait cette année », estime l'un d'eux. Paris a garanti des prêts d'un montant de 5 milliards d'euros pour les clients étrangers d'Airbus. L'Allemagne et le Royaume-Uni n'ont toujours pas bougé le petit doigt.
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