Le Sénat sensible à la grogne des médecins

Les sénateurs, qui débattront à partir du 11 mai le projet de loi Bachelot, vont-ils entendre la colère des médecins ? Depuis l'examen du texte à l'Assemblée nationale, les mécontentements des professionnels de santé se sont agrégés et amplifiés. Dans les hôpitaux, les présidents des commissions médicales d'établissement (CME) ont menacé de démissionner si le volet du projet de loi consacré à la gouvernance, qui à leurs yeux marginalise les responsables médicaux au profit du directeur de l'hôpital, n'était pas amendé par les sénateurs. Dimanche, Jean-Pierre Raffarin a ouvert une première brèche. « Non au statut de PDG du directeur de CHU, et oui au retour des médecins dans la gouvernance. Voilà notre ligne directrice pour le débat qui va s'ouvrir », a déclaré le sénateur UMP, avant d'ajouter avec vigueur : « Ce ne sera pas la première fois que le Sénat apportera sa contribution. Le Sénat est là pour améliorer les textes, et pas simplement pour se coucher devant l'Assemblée nationale. » La commission des Affaires sociales du Sénat précise qu'aucune orientation officielle n'a encore été retenue, mais la tendance est désormais au compromis. Le mouvement de grogne commence en effet à inquiéter le gouvernement. Les présidents de CME sont considérés par les pouvoirs publics comme des partenaires « raisonnables », la question est donc jugée « un peu sensible ». « Nous avons soutenu le projet de loi dans sa globalité, mis à part l'équilibre des pouvoirs entre les médecins et le directeur à l'hôpital, explique Francis Fellinger, président de la conférence des CME de centres hospitaliers. Il n'y aura plus aucun contre-pouvoir au directeur, nous ne pouvons donc qu'adopter des positions de plus en plus dures et aller jusqu'à la grève s'il le faut. » Ce mouvement des « institutionnels » côtoie celui des opposants à l'ensemble de la réforme ? dont le professeur André Grimaldi est l'un des emblèmes ? et le mouvement des jeunes médecins, qui déborde les syndicats d'internes et conflue avec les syndicats de médecins libéraux, notamment sur l'encadrement des tarifs dans certains territoires où l'offre de soins à tarif Sécu est trop limitée. Sous la pression, le gouvernement devrait donc revoir sa copie au Sénat, en trouvant une écriture préservant toutefois le concept d'« un seul patron à l'hôpital », cher à Nicolas Sarkozy. Véronique Chocro
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