Frédéric Oudéa seul maître

Une fois de plus, la Société Généralecute; Générale a décidé de n'en faire qu'à sa tête. Moins d'un an après avoir été promu à la direction générale, Frédéric Oudéa a été propulsé hier à la présidence du conseil d'administration. La banque opte ainsi pour la réunification des deux fonctions, dissociées en mai dernier lorsque Daniel Bouton, affaibli par l'affaire Kerviel, avait fait un premier pas en arrière. À 45 ans, l'ancien directeur financier, qui n'était encore « que » responsable du département actions en 2001, est ainsi à l'origine d'une demi-surprise.Demie, car il est dans les gènes de la banque de La Défense d'avoir un président-directeur général. De fait, elle ne fait que répliquer le modèle qui avait façonné l'arrivée aux commandes de Marc Viénot en 1986, puis de Daniel Bouton en 1997. Ce dernier a d'ailleurs été nommé hier président d'honneur, comme son prédécesseur. Autre élément de continuité, la présidence demeure la chasse gardée de l'inspection des finances.Cette issue était certes en germe dans la lettre adressée la semaine dernière aux salariés par le président démissionnaire, selon laquelle « la transition amorcée il y a un an [?] peut s'achever ». Mais peu d'observateurs avaient osé imaginer que les circonstances précipiteraient à ce point l'ascension, décidément fulgurante, de Frédéric Oudéa. C'est donc l'étonnement qui dominait, hier. « Je m'attendais à ce que les deux fonctions soient réunifiées, mais plutôt dans deux ans, le temps pour Frédéric d'obtenir au moins un succès personnel », glisse un bon connaisseur de la banque. D'autant que pour certains, si Daniel Bouton était en première ligne, Frédéric Oudéa n'en porte pas moins une part de responsabilité dans l'affaire des stock-options accordées en mars aux dirigeants, puis retirées sous la pression de l'opinion.Pour Pierre-Henri Leroy, président de Proxinvest, cette décision n'est pas une bonne nouvelle pour les actionnaires : « On s'assoit sur la dissociation des fonctions, alors même que le conseil n'est pas indépendant. » Brocardant un « conseil de copains », le spécialiste de la gouvernance souligne que trop d'administrateurs sont liés à la banque, que ce soit par les affaires ou par des liens personnels. Et beaucoup cumulent trop de fonctions et de mandats pour exercer un contrôle effectif. Trop longtemps inféodé à Daniel Bouton, le conseil est « complaisant par le choix et le niveau de compétence des administrateurs », admet un dirigeant de la banque. Pour autant, tous deux estiment que « Frédéric Oudéa a commencé à corriger cette lacune ».RassurerSurtout, « la Société Généralecute; Générale se met en danger car, malgré ses qualités, Frédéric Oudéa n'est pas prêt », estime un vétéran de la banque. Sans compter qu'autour de lui la direction générale se limite à Séverin Cabannes, dont l'expérience du secteur bancaire ne remonte qu'à 2001, et Didier Alix, que beaucoup donnent partant après l'été. Conscients de cet écueil, les administrateurs ont sans doute cherché à rassurer en nommant Anthony Wyand vice-président du conseil. Pressenti pour la présidence, l'ancien dirigeant de l'assureur britannique Aviva fait ainsi figure de successeur désigné, au cas où Frédéric Oudéa, faute d'être parvenu à redorer le blason de la banque, soit à son tour entraîné par une mauvaise vague. Le tandem ainsi constitué permet en outre de « concilier la jeunesse et l'expérience », estime Patrick Delicourt, administrateur salarié, pour qui c'était sans doute « la moins mauvaise solution ». naf
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.