Londres veut mettre fin aux excès

Le gouvernement britannique joue les gros bras contre les bonus. Dans le livre blanc sur la régulation financière qu'il publiera demain, Alistair Darling, le ministre de l'Économie, va s'attaquer aux salaires mirobolants des golden boys. S'il n'est pas question de fixer un plafond de rémunération, Downing Street va demander aux banques qui distribuent des bonus de court terme d'augmenter leurs fonds propres. Plus le bonus incitera les banquiers à prendre des risques ? ou sera jugé comme tel ?, plus l'institution financière devra augmenter son capital. Les banquiers pourront donc être très bien payés, mais à condition que leur rémunération soit liée aux performances de long terme de leur établissement.Si cette rhétorique relève partiellement d'un jeu politique à un an des élections générales, il s'agit aussi d'une réaction à ce qui semble être le grand retour des rémunérations variables. Barclays par exemple est en train de recruter de façon agressive pour renforcer sa banque d'investissement en Grande-Bretagne. Royal Bank of Scotland, pourtant nationalisée à 70 %, promet des bonus garantis à certains de ses banquiers stars pour qu'ils ne partent pas à la concurrence. Et son nouveau directeur général, Stephen Hester, s'est vu attribuer le mois dernier une rémunération qui pourra atteindre 9,6 millions de livres (11,1 millions d'euros). Face à la tempête politique, il a accepté dans un deuxième temps de repousser de deux ans, à 2014, la date à laquelle il touchera son bonus.rémunération modifiéeNéanmoins, cette impression de retour aux bonnes vieilles méthodes ne doit pas cacher la réalité : les bonus versés début 2009 étaient en baisse de 62 %, selon l'étude annuelle de Napier Scott Search. Et selon les calculs du Centre for Economic and Business Research, en 2012, ils seront encore inférieurs de moitié par rapport au pic de 2007. Cette chute est le reflet logique de la crise, qui fait automatiquement reculer l'activité. Mais le mode de calcul des bonus a-t-il changé, pour éviter les prises de risque excessives ? Rien n'est moins sûr. Selon un sondage du CBI (patronat), un peu plus de la moitié des établissements financiers ont modifié la structure de leur rémunération. Les changements les plus courants sont des paiements étalés sur une plus longue période, ainsi qu'un mécanisme pour diminuer les bonus a posteriori si un établissement rencontre de sérieux problèmes dans les années qui suivent leur versement. Mais cela signifie que près de la moitié des établissements financiers n'ont pas encore changé. Alors que la crise perd en intensité, il paraît de moins en moins probable qu'ils agissent. À moins que les autorités n'imposent un vrai changement réglementaire?Éric Albert, à Londre
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