L'Inde veut croire que le pire de la crise est passé

udget« Finalement l'Inde ne s'en sort pas si mal. » Cette remarque d'un homme d'affaires français implanté à New Delhi, Jean-Christophe Goarin, associé gérant chez le consultant en management Xibridge Alliance, est édifiante. Malgré les taux élevés de croissance qui ont précédé la crise économique mondiale ces dernières années, l'Inde n'a jamais tout à fait convaincu les investisseurs. Ses faiblesses bien connues (déficience des infrastructures, pauvreté persistante, illettrisme important, etc.) ternissent les performances économiques pourtant réelles de ce pays émergent. Mais aujourd'hui, il faut bien constater que l'autre géant asiatique (1,17 milliard d'habitants) fait partie des rares économies de la région à avoir échappé à la récession. « Notre premier défi est de ramener au plus vite l'économie au taux de croissance élevé de 9 % par an », a déclaré hier le ministre indien des Finances, Pranab Mukherjee, en présentant le budget de l'exercice 2009-2010 devant le Parlement. Un tel objectif pourrait se concrétiser selon lui dans deux ans. augmenter les aidesPour l'exercice fiscal en cours (s'achevant en mars), New Delhi table sur une croissance de 7 %, après 6,7 % l'an passé. Mais ces chiffres semblent optimistes au regard des prévisions du Fonds monétaire international (4,5 % pour 2009-2010). Réélu triomphalement il y a deux mois, le parti du Congrès, au pouvoir, a préparé un budget qui se veut fidèle à ses promesses. Pour rendre la croissance plus « inclusive », dans un pays où 880 millions d'habitants vivent avec moins de 2 dollars par jour, selon la Banque mondiale, le gouvernement veut augmenter les aides aux pauvres non seulement dans les campagnes, mais aussi à présent dans les zones urbaines. Il prévoit aussi d'améliorer la distribution d'énergie, les transports et surtout les infrastructures dont l'insuffisance freine de 2 points la croissance du pays.Mais ces efforts vont se traduire par l'envolée des dépenses publiques (+ 36 %) et le déficit budgétaire va se creuser à 6,8 % du PIB sans compter les subventions à l'énergie et aux denrées alimentaires.Certes, Pranab Mukherjee prévoit d'améliorer les recettes fiscales en remplaçant plusieurs taxes indirectes par une taxe sur la valeur ajoutée dès le 1er avril, et de céder des participations dans des groupes publics. Mais les observateurs doutent. « Il n'y a rien dans ce budget qui puisse contribuer à doper la croissance », a tempêté Apurva Shah, chez le courtier Prabhudas Lilladher à Mumbai. Laurent Chemineau
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