L'euro est entré dans la ligne de mire de la spéculation

Le monde monétaire est sens dessus dessous. Lorsque l'euro volait de record en record face au billet vert jusqu'au 15 juillet dernier, les économistes expliquaient qu'il s'agissait d'un problème dollar. Et on ne pouvait pas leur donner tort, car la crise qui secoue le monde depuis l'été 2007 avait pour épicentre les États-Unis. Aujourd'hui que le dollar reprend du poil de la bête face à la monnaie unique, force est d'identifier un problème euro. Valeur refuge en temps de crise, le dollar, qui se refait une santé face à toutes les grandes monnaies mondiales, bénéficie du parachute du plan Paulson, qui à terme pourrait sauver les États-Unis des turbulences les plus graves qu'ils aient traversées depuis l'après-guerre. Face à un État fédéral solide qui semble vouloir prendre le taureau par les cornes, l'Europe des souverainetés nationales prend certes des initiatives, mais semble incapable de donner une réponse communautaire à la tourmente qui a contaminé les banques du Vieux Continent. Durant le week-end, l'Allemagne, l'Autriche et le Danemark ont, après l'Irlande, tenté de rassurer leurs épargnants en annonçant des garanties exceptionnelles pour les dépôts. La tourmente financière s'amplifiait encore au lendemain de la prise de contrôle par BNP Paribas des activités belges et luxembourgeoises de Fortis et alors que Hypo Real Estate, la quatrième banque d'Allemagne au bord de la faillite, fait l'objet d'un plan de sauvetage gouvernemental.RETOUR FULGURANT DU YENC'est la raison pour laquelle, à l'inverse du dollar, c'est maintenant l'euro qui dérive face à toutes les monnaies. Il a touché un nouveau plus-bas face au dollar depuis quatorze mois, refluant juste lundi jusqu'à 1,3470. La monnaie unique cumule une perte de près de 19 % par rapport à son record historique du 15 juillet à 1,6038. L'aversion au risque, qui se traduit par une aversion à l'euro, a aussi ressuscité un moribond. Le yen, dont on ne donnait pas cher de la peau tant ses rendements lilliputiens sont dissuasifs pour les investisseurs, fait un retour fulgurant. Après avoir refranchi le seuil de 155 pour 1 euro le 26 septembre, puis de 150 le 1er octobre et de 145 le 2, il s'est attaqué hier à la barre de 140, puis dans la foulée à celle de 135, affichant un regain de vigueur de 21 % depuis son plancher absolu du 24 juillet.Panique sur les CDSLe coût de l'assurance de la dette de l'État américain contre le risque de défaut de paiement a atteint un record absolu hier. Le taux des CDS à dix ans, les "credit default swaps", ces contrats de protection entre acheteurs et vendeurs, pour assurer la dette du Trésor, a bondi de 40 points de base. Il faut compter 40.000 dollars par an pour assurer 10 millions de dollars de dette, selon les chiffres de CMA Datavision.
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