Hermès est tenté de s'offrir Jean-Paul Gaultier

Non seulement Hermès répète à qui veut l'entendre qu'elle n'est pas à vendre, mais ce pourrait bien être elle qui endosse le costume d'acheteur. Ses liens de plus en plus serrés avec la maison Jean-Paul Gaultier le laissent présager. Et le PDG d'Hermès, Patrick Thomas, ne cache plus ses intentions. « Nous avons une relation très étroite avec Jean-Paul Gaultier, qui pourrait très bien se terminer par un rachat », confiait-il hier à « La Tribune ».Le premier rapprochement entre les deux maisons date de 2003. Jean-Louis Dumas, le précédent PDG, qui a dirigé la maison du faubourg Saint-Honoré depuis 1978, veut alors ajouter une touche de créativité glamour à sa « vieille dame », comme il appelle sa propre maison, en embauchant le créateur de la jupe pour homme pour superviser le prêt-à-porter féminin de sa griffe. En parallèle, il prend 35 % de la maison Gaultier.DiversificationLe renforcement des liens se confirme aujourd'hui. En septembre dernier, Hermès a porté sa participation dans Jean-Paul Gaultier à 45 % en alignant près de 4 millions d'euros. La maison familiale dispose ainsi d'une option d'achat lui permettant d'en acquérir la totalité. Et la nomination le 1er décembre prochain de Véronique Gautier, actuelle directrice générale d'Hermès Maroquinerie, à la présidence du directoire de Jean-Paul Gaultier est un signe supplémentaire. Touchée comme Hermès ? dont les ventes au troisième trimestre ne progressent que de 4 % contre 12,8 % au premier semestre ? par la crise, la maison Gaultier a plus que jamais besoin de sortir du tout prêt-à-porter (80 % se ses ventes) pour se diversifier vers les secteurs plus lucratifs des sacs et autres accessoires. « Véronique Gautier a fait un travail de développement remarquable sur les parfums et la maroquinerie chez nous, et pourra, je l'espère, réitérer ce succès dans sa nouvelle maison », commente Patrick Thomas. Le patron cherche-t-il ainsi à embellir la future mariée Jean-Paul Gaultier pour mieux convaincre les actionnaires familiaux d'Hermès de la racheter ? Ou cherche-t-il simplement une honorable porte de sortie pour Véronique Gautier afin de faire monter les membres de la famille (en l'occurrence le cousin de Jean-Louis Dumas, Axel) à ce poste stratégique de la maroquinerie, qui représente 42 % des ventes totales de la maison ? Mystère. Dans tous les cas, le challenge est grand pour Véronique Gautier. Car Jean-Paul Gaultier éprouve peu d'intérêt pour la création de sacs. Il s'est d'ailleurs séparé de ses trois derniers présidents du directoire, qui tentaient de le persuader de se diversifier. Sophie Lécluse Jean-Paul Gaultier, lors du défilé de prêt-à-porter féminin d'Hermès pour le printemps-été 2009.
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