Plus accessible pour les uns, plus chère pour les autres

Richard Descoings ne s'est pas vu confier par hasard la mission visant à revoir de fond en comble la réforme du lycée. Chantre de l'expérimentation dans les lycées, le patron de Sciences po a défrayé la chronique en ouvrant, le premier, son institution élitiste aux lycées des zones d'éducation prioritaire (ZEP). Aujourd'hui, ces conventions sont « entrées dans les m?urs », constate Cyril Delhay, chargé du programme à Sciences po. Sept lycées étaient concernés en 2001, on en compte 62 aujourd'hui. Et le nombre d'étudiants intégrés dans ce cadre est passé de 17 à 118. « On ne répondait pas à l'exigence républicaine. L'objectif est de former des élites socialement différentes », explique Hakim Hallouch, qui seconde Cyril Delhay. Depuis l'année dernière, le programme a été ouvert aux lycées des zones rurales. « Le système, en développant l'exemplarité, a permis de mettre un terme à l'autocensure des élèves », constate Philippe Destelle, professeur de sciences économiques au lycée Jean-Renoir de Bondy où les entrées en classe préparatoire ont été multipliées par 5.Richard Descoings réfléchit désormais à la suppression du sacro-saint concours, qui ne concerne plus que 30 % des 870 admis de première année, soit moins que les titulaires de mention très bien au bac admis, eux, sur dossier. L'afflux de candidats est tel (10.000 en 2008) que Sciences po doit augmenter sa sélectivité. Une nouvelle réforme des droits de scolarité, initiée par Alain Lancelot, doit également permettre d'intégrer davantage de boursiers. Ils représentent déjà 20 % des effectifs contre 6 % en 2001. À la rentrée prochaine, les droits de scolarité, qui s'échelonnaient de 540 à 5.450 euros, vont passer à une fourchette allant de 540 à 8.500 euros pour le premier cycle et de 900 à 12.000 euros pour les mastères en fonction du revenu des familles, ce qui va augmenter le nombre d'élèves exonérés. Mais Alain Lancelot le reconnaît : l'objectif de la réforme qu'il a lancée, loin d'être social, était « d'augmenter les moyens de Sciences po ».
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