Les mécanismes de transmission de la politique monétaire sont grippés

Les canaux de transmission de la politique monétaire de la Banque centrale européenne sont toujours désespérément bloqués. Six mois après la première baisse de taux de la BCE ? entre octobre et avril, elle a ramené son principal taux de 4,25 % à 1,25 % ?, les vannes du crédit ne se sont pas véritablement ouvertes pour les entreprises.Aux 300 points de base (1 point de base = 0,01 %) d'assouplissement monétaire de la BCE, correspond en effet une baisse du taux de prêt bancaire moyen de seulement 80 points de base, estiment les économistes de Goldman Sachs. Pour ces derniers, « l'écart entre le taux de prêt moyen pratiqué par les banques et le taux refi est anormalement élevé et il devrait le rester ». Trois raisons sont avancées.D'abord, les coûts de financement des banques elles-mêmes restent relativement élevés. Si pour les entreprises, le mécanisme de transmission des baisses de taux est grippé, pour les banques il s'agit d'un véritable découplage (voir graphique). En cause?: la défiance généralisée à l'égard des institutions financières. Après la chute de Lehman Brothers, les investisseurs ont radicalement revu à la hausse les primes de risque qu'ils exigeaient pour détenir de la dette bancaire. Résultat?: en dépit des baisses de taux de la BCE, « à la fin du mois de mars, les conditions auxquelles se finançaient les banques étaient grosso modo les mêmes qu'en janvier », observent les économistes de Goldman Sachs.Restaurer les margesEnsuite, les banques cherchent à renforcer leur bilan par tous les moyens ?: l'augmentation des marges en est un. Ainsi, même si les institutions financières regagnaient la confiance des investisseurs ? rassurés par exemple par la politique de la BCE consistant à donner au secteur financier un accès quasi illimité aux liquidités à court terme ? et si leurs coûts de financement diminuaient, cela ne se traduirait pas forcément par une baisse des taux des prêts aux entreprises. D'autant que les banques pansent encore leurs plaies et que, dans ce contexte, la pression concurrentielle a nettement diminué.Enfin, récession oblige, les primes de risque sur les entreprises de la zone euro sont en hausse. Il faut dire que l'évolution des taux de défaut est inquiétante. Moody's indiquait hier que le taux de défaut moyen des entreprises européennes était passé de 2 % fin 2008 à presque 5 % à la fin du premier trimestre. Une menace supplémentaire pour les bilans des banques. « Les dépréciations sur les prêts ?corporate? n'ont pas encore augmenté, mais cela ne saurait tarder », préviennent les économistes de Goldman Sachs.Sophie Rolland
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