Initiatives douteuses de la Chine pour court-circuiter le dollar

Plus on cherche à l'enterrer, plus le dollar se rebiffe. Hier, il a rebondi à plus de 101 yens en dépit de la décision de la Banque du Japon d'élargir la gamme des actifs qu'elle est prête à accepter pour aider les institutions financières en difficulté. Le billet vert s'est également hissé à plus de 1,3250 pour 1 euro, soutenu par l'accord d'échanges de devises passé lundi entre la Réserve fédérale, la BCE, la Banque d'Angleterre, la Banque du Japon et la Banque Nationale Suisse, pour soutenir les banques américaines. Accord qui, en cas de besoin, permettra à la Fed d'avoir accès à un petit trésor de 285 milliards d'équivalents dollars. La monnaie unique, de son côté, a fait les frais de la révision à ? 1,6 % du PIB de la zone euro au quatrième trimestre 2008 contre ? 1,5 % initialement annoncé. L'euro a aussi encaissé le contrecoup d'une information diffusée par le « Financial Times », selon laquelle le FMI préconiserait l'adoption de la monnaie unique par plusieurs pays d'Europe centrale et orientale en crise, sans qu'ils rejoignent formellement la zone euro. Une sorte « d'euroïsation » à marche forcée, à laquelle la BCE est légitimement hostile et qui a relancé le dollar.TransgressionIl n'empêche que l'offensive anti-dollar prend une tournure pour le moins équivoque, au moment où la finance mondiale s'enivre des avancées du G20. Outre la Russie qui réclame la tenue d'une conférence internationale sur la refonte du système monétaire, la Chine multiplie les initiatives pour court-circuiter le billet vert. Elle a passé ce qu'elle appelle des accords de « swaps » (d'échanges) de monnaie avec de grands pays émergents ? Corée du Sud, Malaisie, Indonésie, Argentine et Brésil ? qui sont ses principaux partenaires commerciaux, afin que leurs échanges et contrats ne soient plus libellés en dollars. Elle qui en est le plus gros détenteur mondial propose non pas de prêter des dollars, mais des yuans contre des pesos argentins ou autres roupies indonésiennes pour solder les échanges bilatéraux. Vive émotion d'Antoine Brunet, directeur d'AM Marchés, qui s'indigne?: « Qu'est-ce qu'un prêt en une monnaie qui n'est pas convertible?? Les yuans ne peuvent être convertis ni en dollar, ni en euros, ni en yens? Les yuans empruntés ne peuvent servir qu'à régler des fournisseurs chinois. » Et d'avancer que, en dehors de la pratique non coopérative de la Chine, elle contrevient aux règles internationales en vigueur depuis plus de trente ans, qui proscrivent les « financements liés », que l'on peut apparenter à des financements avec obligations d'achats dans le pays du prêteur. Un G20 monétaire va bientôt s'imposer?
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