Pression accrue des génériques

harmacieAprès le Plavix, le Nexium ? Le suisse Sandoz a lancé la semaine dernière au Danemark une version générique ? ces « copies » moins coûteuses ? du médicament vedette de l'anglo-suédois AstraZeneca, au nez et à la barbe du laboratoire qui possède des brevets sur le produit jusqu'en 2018. Avec 8,6 milliards de dollars de chiffre d'affaires, l'anti-ulcéreux Nexium est le troisième remède le plus vendu au monde, derrière l'anticoagulant Plavix de Sanofi-Aventis (7,6 milliards). Le Plavix, qui fait justement l'objet de sérieuses menaces de la part de six génériqueurs (dont l'israélien Teva, l'allemand Ratiopharm et le suisse Acino). L'Agence européenne du médicament leur a accordé une « recommandation positive » alors que le brevet du Plavix court jusqu'en? 2013.se positionner à tout prix« Aujourd'hui, les génériqueurs ne sont pas plus agressifs, mais ils tirent profit de la période?: d'ici à cinq ans, quelque 30 milliards de dollars de médicaments vont perdre leurs brevets?! » souligne Alain Gilbert, du cabinet de conseil Bionest. Lorsqu'on sait que ces « copies » peuvent rafler jusqu'à 90 % des volumes d'une molécule en quelques semaines, on comprend l'empressement des fabricants à se positionner très tôt sur les marchés visés. Au-delà des cas extrêmes ? la générification « sauvage » du Plavix par le canadien Apotex en 2006, invalidée depuis ? Teva, Sandoz et les autres s'appuient sur un arsenal de pratiques bien rodées. Dans le cas du Plavix européen, ils ont vraisemblablement modifié la composition du médicament ? en l'occurrence un « sel » nommé clopidogrel. En effet, seul le principe actif d'un générique se doit d'être identique à l'original.Mais c'est le plus souvent sur le terrain juridique que tout se joue. « Un médicament est protégé par plusieurs brevets (données, produit?) avec des dates d'expiration progressive » note un expert. Une législation complexe propice à la recherche de « failles » juridiques. C'est pour éviter de telles batailles, longues et coûteuses, que les deux parties privilégient souvent une approche à l'amiable?: le « pay-for-delay ». Le principe?: un laboratoire paie un génériqueur pour retarder son entrée sur le marché. S'il ne permet pas une commercialisation immédiate du produit copié, l'arrangement comprend la garantie d'un accès privilégié au marché pour le génériqueur, dès la fin du brevet. Pfizer et Sanofi y ont eu recours l'an dernier avec les génériqueurs Ranbaxy et Teva. « Les deux parties sont gagnantes, car elles se partagent les profits d'une molécule », explique Ombline Ancelin, avocate au cabinet Lovells.fin des arrangementsMais les temps changent. Le 3 juin, la FTC, Federal Trade Commission, l'autorité de la concurrence américaine, s'est prononcée en faveur de l'interdiction du « pay-for-delay ». « En retardant l'accès des consommateurs aux médicaments à moindres coûts, ces accords imposent des coûts énormes [?] à notre système de sant頻 dénonce la FTC. En Europe, l'enquête sectorielle lancée en janvier par la Commission européenne pointait aussi ces accords, accusés de retarder de sept mois l'arrivée des génériques. « Jusqu'ici, les transactions étaient généralement secrètes. Aujourd'hui, cela pourrait être plus délicat », estime Ombline Ancelin. Le rapport de la Commission européenne est attendu à la fin de l'été.
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