La microfinance intéresse

vestissementLongtemps limité aux dons directs, le soutien aux institutions de microfinance (IMF) visant à amorcer des activités viables dans les pays les moins développés séduit aussi la gestion d'actifs. Diverses filiales d'établissements financiers (Natixis, BNP Paribas, Credit Suisse et Morgan Stanley qui a lancé deux CDO de microcrédit) commercialisent des fonds dédiés, pour leur compte ou dans le cadre de mandats de gestion passés avec des investisseurs institutionnels du type caisses de retraite. « Comme les commodities et les fonds immobiliers sur ces quinze dernières années, elle devient un segment de la catégorie des actifs alternatifs », constate Nanette Heschler, responsable de la gestion fixed income chez Credit Suisse.Cet engouement s'explique aussi par la bonne tenue de ces fonds, avec une performance en 2008 de + 5 %, selon l'index Symbiotics. Quant à la taille de ce marché, elle est de l'ordre de 9 milliards de dollars d'actifs sous gestion et progresse de près de 30 % par an. « Une partie des actifs gérés est affectée sur les marchés monétaires pour couvrir le risque infinitésimal de défaillance des emprunteurs », explique Jean-Pierre Klummer, dirigeant de BlueOrchard, société de gestion et de conseil qui pilote depuis Genève les investissements de Dexia sur ce créneau. Quand les indices sont en berne, les rendements réguliers des microprêts compensent les pertes essuyées sur les actifs classiques. Et quand les marchés redeviennent porteurs, les rémunérations issues des actifs traditionnels s'ajoutent aux intérêts perçus sur les micro-prêts.Le développement de ce segment se fera-t-il aux dépens des marchés actions et obligations ? Il semblerait que non puisque sur les quelque 10.000 IMF recensées dans le monde, moins de 500 satisfont aux critères des investisseurs institutionnels (due diligence). La tendance à la hausse semble toutefois irréversible. Au grand dam des gérants parisiens, tels Bernard Coupez, responsable de la veille réglementaire chez BNP Paribas Investment Partners, qui se désole de ne pas pouvoir attirer davantage d'investisseurs faute d'un cadre réglementaire adapté. « Le Luxembourg, doté d'une réglementation favorable à la microfinance, truste 30 % du marché, suivi de la Hollande avec 15 %, quand Paris plafonne à moins de 1 % », indique-t-il. En cause, des garanties apportées par les IMF adossées à des actifs non cotés libellés dans des monnaies locales presque pas traitées sur le marché des changes. Et de rappeler que, l'an prochain, ces placements draineront davantage de liquidités en dépit des baisses des bénéfices des entreprises. En effet, la loi française sur l'épargne salariale impose à partir de 2010 aux PEE et Perco d'investir 10 % de leurs actifs en produits solidaires.mission socialeSans oublier de recadrer la mission sociale de certains IMF dévoyés qui aggravent la précarité de leurs clients en distribuant « les yeux fermés » des crédits à la consommation assortis de taux pouvant atteindre jusqu'à 30 % par an. « La création d'un indice de mesure de la performance sociale à moyen et long terme du microcrédit pourrait réduire pour partie ces dérives », plaide Nanette Heschler.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.