Pékin resserre son emprise sur la région stratégique du Xinjiang

ChineLa situation est restée très tendue hier dans le Xinjiang, cette province reculée au nord-est de la Chine où une marche de protestation de Ouighours, la population locale musulmane et turcophone, a été réprimée par les forces antiémeutes chinoises au cours du week-end. Le bilan provisoire faisait état de 156 morts hier et plus de 1.000 blessés. Des observateurs ont rapporté que des Hans (ethnie chinoise dominante) vivant dans le Xinjiang se dirigeaient hier vers Urumqi, la capitale de la province, armés de bâtons et autres instruments contondants menaçant les Ouighours. Pour les autorités chinoises, qui ont coutume de surréagir dès qu'elles estiment leur intégrité territoriale menacée, cette agitation est téléguidée par les Ouighours expatriés, dont certains rêvent de rétablir l'indépendance du Xinjiang, jadis État souverain, mais aujourd'hui sous le joug de Pékin. frustrationAu-delà du déclencheur de ces troubles (deux Ouighours assassinés fin juin dans le Guangdong, province du sud de la Chine, au cours d'une rixe), les racines des tensions récurrentes entre Ouighours et Hans sont à chercher dans la frustration des premiers qui estiment leur liberté religieuse et leur identité brimées. Ces difficultés se sont accrues tout au long des années 2000 avec l'afflux de plus en plus massif de Hans qui représentent aujourd'hui la très grande majorité des 20 millions d'habitants de la province et accaparent les postes élevés dans l'économie (60 milliards de dollars de PIB), reléguant les Ouighours dans les emplois subalternes et sous-payés. Une discrimination qui rappelle fortement la réalité tibétaine. Région riche sur le plan agricole, le Xinjiang (grand comme trois fois la France) a longtemps été le premier producteur de coton de Chine à laquelle il offre sa plus vaste plate-forme commerciale tournée vers l'Asie centrale. La région apporte aussi à l'empire du Milieu ses deuxièmes réserves en gaz et en pétrole, sous le contrôle de Petrochina, société d'État chinoise, qui a fait bondir la production ces dernières années. Mais l'essentiel des bénéfices sont rapatriés vers Pékin. Enfin, la province est aussi le point de passage de plusieurs oléoducs et gazoducs dont le gigantesque pipeline (4.200 kilomètres) qui alimente Shanghai. L'accélération de la croissance économique (11 % en moyenne ces six dernières années) et l'industrialisation ont essentiellement profité au nord de la province où vivent les Hans, délaissant les zones agricoles peuplées de Ouighours. Lourdement fiscalisés, ces derniers voient l'essentiel des recettes fiscales accaparé par Pékin.
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