La Bourse prend ses distances avec les SSII

Jusqu'à présent, tout va bien." Depuis des mois, les dirigeants des grandes sociétés de services informatiques multiplient les messages rassurants sur leur niveau d'activité. L'avertissement lancé lundi par l'éditeur allemand de logiciels SAP fragilise leur discours. Comment imaginer que les SSII ne soient pas touchées par le ralentissement " très brutal et inattendu" de l'activité constaté par SAP en septembre ? Selon le courtier Landsbanki Kepler, l'intégration de logiciels SAP représente environ 10 % du chiffre d'affaires des SSII. Si l'allemand est le premier à tirer la sonnette d'alarme, d'autres éditeurs de logiciels pourraient eux aussi alerter le marché sur un essoufflement de leur activité, notamment auprès des PME, ces dernières coupant ou reportant leurs dépenses de logiciels en raison de la crise actuelle. Le ralentissement des ventes de licences à la fin du troisième trimestre 2008 n'aura toutefois pas d'impact immédiat sur le chiffre d'affaires des SSII. Le risque se portant plus sur le quatrième trimestre et surtout pour 2009.MANQUE DE VISIBILITEBrice François Thebaud, analyste chez Aurel ETC Pollack, ne croit pas à une réplique du scénario des années 2002 et 2003 au cours desquelles l'activité des SSII avait chuté de plus de 10 % par an, avec des marges d'exploitation au tapis. Celle de Capgemini était par exemple tombée à 1,6 % en 2002, contre 8,2 % en 2000. Certes, " il y aura un ralentissement certain". Mais selon lui, " celui-ci devrait être limité à quelques points. Tout d'abord, les hausses de prix ont été sages ces dernières années. Il n'y aura donc pas de contre-coup à la baisse comme au moment de l'éclatement de la bulle Internet. Ensuite, les dépenses informatiques sont devenues encore plus stratégiques pour les entreprises. Enfin, en développant les contrats d'infogérance à long terme, les SSII présentent des profils moins risqués". Les analystes de JP Morgan sont plus pessimistes. Ils estiment que les dépenses informatiques pourraient baisser de 10 % l'an prochain aux États-Unis et en Europe.Compte tenu de ce manque de visibilité, la Bourse a décidé de prendre ses distances avec un secteur qui avait assez bien résisté jusque-là. En baisse de 9,07 % hier, Capgemini affiche par exemple une chute de plus de 38 % depuis le début de l'année. Au point d'envoyer certains titres à des niveaux de valorisation proches de ceux de la crise de 2002. Selon Aurel Leven, Capgemini ou Steria ont enfoncé leur valeur plancher. Le prix de l'inquiétude.
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