La fin du "carry trade" catapulte le yen

Le retour en grâce du yen signe-t-il la fin du carry trade ? Flageolante il y a encore quelques semaines, la devise japonaise a pris soudain, à l'instar du franc suisse, " un statut de monnaie refuge ", comme l'estime un haut fonctionnaire de la Banque du Japon.Pourtant, cet attrait retrouvé est davantage la marque d'une faiblesse que d'une force : il s'explique en grande partie par le débouclage des positions de carry trade. Cette technique consiste à profiter des taux directeurs quasi nuls en vigueur au Japon, en empruntant des yens pour les réinvestir dans d'autres devises à haut rendement.DES PLACEMENTS QUI SE SONT TRANSFORMES EN PIEGETrès prisé par les investisseurs et même par les particuliers japonais, le carry trade a longtemps soutenu la demande pour l'euro, le dollar australien ou néo-zélandais, le rand sud-africain ou la livre turque. Les Japonais étaient d'autant plus enclins à jouer avec leur monnaie que les autorités financières de leur pays, qui souhaitent un yen faible, les y encourageaient. " Les actifs en devises détenus par les Japonais sont passés de 1 à 4 % du total des actifs japonais entre 1998 et aujourd'hui " remarque Masafumi Yamamoto, qui dirige la stratégie changes de RBS à Tokyo. La réglementation, laxiste, tolérait que les sites de courtage en ligne autorisent les spéculateurs à investir jusqu'à 100 fois leur mise initiale (la moyenne semble être entre 5 et 10 fois, estime la profession).Aujourd'hui, ces placements se sont transformés en piège : non seulement les spéculateurs perdent sur l'écart de change en raison de la hausse brutale du yen, mais en plus, les taux d'intérêt des devises dans lesquels ils avaient investi fondent à vue d'oeil. " Les taux japonais peuvent difficilement baisser alors que les taux américains et européens ont une grande marge, ce qui rend la monnaie japonaise relativement attrayante ", explique un analyste.Prises en tenaille, obligées d'honorer leurs dettes, les " madame Watanabe ", épargnantes proverbiales du Japon, débouclent leurs positions dans la précipitation afin de limiter leurs pertes. Renchérissant encore le yen, et augmentant encore les pertes essuyées sur le carry trade. Le gouvernement interviendra-t-il pour enrayer la hausse du yen ? En mars, le dollar avait franchi le seuil des 100 yens sans que le ministère des Finances intervienne, contrairement à une pratique ancienne. " Aujourd'hui, nous sommes dans un environnement dégradé par rapport à mars. Si le yen se renforçait trop face au dollar, une intervention ne serait pas à exclure ", estime Masafumi Yamamoto.
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