Nomura affronte une fuite des cerveaux de Lehman au Japon

Furieux " : ainsi, un cadre du bureau japonais de Lehman Brothers décrit-il pour La Tribune l'état d'esprit actuel des dirigeants de Nomura. Le numéro un du courtage a repris, il y a quelques jours, les activités en Asie et en Europe de Lehman Brothers. Il assurait pouvoir conserver les meilleurs éléments chez lui. " Nous avons des accords avec les responsables dans chaque ligne de métier ", avait assuré Sadeq Sayeed, consultant pour Nomura sur cette acquisition. Visiblement, certains " meilleurs éléments " n'ont pas cédé à ses sirènes." Tout le bureau actions a signé chez Barclays la semaine dernière [Barclays ayant racheté les activités de Lehman aux États-Unis Ndlr], assure ledit cadre, transfuge de Lehman. Il ne reste que ceux dont personne ne veut. Deux d'entre nous étaient mandatés par Nomura pour nous convaincre de rester. Sans succès. " Ses collègues n'ont pas souhaité passer sous la coupe de Nomura. Et cela malgré les offres généreuses que le courtier japonais avait mises sur la table : " les salaires proposés par Nomura étaient souvent supérieurs à ce qu'offrait Barclays. Mais nous avons préféré partir " , poursuit notre cadre. Pourquoi ?Pour deux raisons. La première, c'est qu'il ne voulait pas, comme ses collègues, travailler pour ce condensé de culture d'entreprise japonaise qu'est Nomura : une maison traditionnelle, conservatrice, très hiérarchique, qui n'est pas réputée pour faire la part belle à ses éléments étrangers. Le japonais a pour habitude de donner à ses cadres étrangers des contrats de deux ans très alléchants. Mais au bout de cette période, les employés japonais prennent parfois ombrage des avantages accordés aux étrangers et font pression pour que le contrat soit renouvelé à des conditions moins favorables.DIFFERENCES CULTURELLESCette appréhension est d'autant plus forte que, selon des sources proches des négociations entre Nomura et Lehman, Takumi Shibata, architecte de l'opération chez Nomura, a mené le rachat de Lehman dans le plus grand secret, ne recherchant pas le consensus nécessaire à la décision dans les divisions concernées. La manière de travailler de Nomura n'a rien pour séduire les Lehman boys." Nomura, c'est l'armée " , résume un de ses anciens employés étrangers parti sous d'autres cieux. Ainsi, il n'existe pas de rémunération à la performance, contrairement aux pratiques en vigueur dans le reste de la planète financière. En outre, la priorité est accordée aux grandes entreprises japonaises, " tandis que chez Lehman, nous nous concentrons sur ceux qui rapportent le plus d'argent, tout simplement ", poursuit le cadre transfuge.Ça s'organise à ParisÀ Paris, Nomura va racheter les activités de banque d'affaires et de marchés de capitaux actions de Lehman. Sur les 125 employés de la succursale parisienne, Nomura devrait ainsi reprendre la majeure partie des employés. A priori, les réductions d'effectifs concerneront essentiellement les marchés de crédit et taux que Nomura ne reprend pas, soit une vingtaine de personnes à Paris. Des ajustements d'effectifs sont également attendus dans les équipes de marchés actions. La banque d'affaires ne devrait connaître que quelques départs sur les 25 employés. Lehman cherche aussi un repreneur pour sa branche gestion d'actifs, qui n'a pas été mise en faillite.
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