L'inquiétante expérience islandaise

L'Islande goûte malheureusement aujourd'hui aux fruits de l'inconscience de sa classe politique. Le père du " miracle islandais ", David Oddsson, actuel gouverneur de la banque centrale, Premier ministre pendant treize ans, a en effet construit un colosse économique sur des jambes de plâtre. Lorsqu'il prend le pouvoir en 1991, le pays est ravagé par la crise du cabillaud. Oddsson décide alors de diversifier et moderniser le pays. Pour y parvenir, il déclenche un choc libéral pour attirer les investisseurs étrangers. Et ça marche ! Les Islandais travaillent dur, mais profitent pleinement de la mondialisation. Les banques leur redistribuent les capitaux étrangers qui arrivent massivement et deviennent elles-mêmes des géantes. Les nouvelles entreprises fleurissent, la consommationexplose. L'Islande devient un des pays les plus riches du monde, mais vit à crédit. Les dirigeants islandais ne s'en sont pas émus, bien au contraire. Ils s'en sont félicités. Il est vrai que les agences de notation notaient le pays du prestigieux " AAA ". Aujourd'hui, le successeur de Geird Haarde, après avoir dénoncé en mars " l'attaque " des spéculateurs contre le pays, s'en prend à la " chaîne des événements " due aux subprimes américains. Pas de chance, donc. Mais si la crise mondiale a accéléré la débandade islandaise, c'est oublier un peu vite que les prémices de cette dernière datent du printemps 2006, bien avant les subprimes, lorsque les investisseurs ont commencé à s'interroger sur le niveau d'endettement du pays. Mais alors Reykjavik s'était contenté de rassurer tout le monde avec un sourire. En fait, la situation n'était guère tenable, crise mondiale ou pas. L'expérience islandaise remet en cause un modèle, celui du petit pays qui appuie son développement sur la mondialisation financière. La garantie d'un État comme l'Islande ne vaut en fait pas grand-chose au regard de la taille de l'engagement des banques. Du coup, l'impensable devient possible : Geird Haarde a reconnu que l'État était menacé de banqueroute. Ce serait une première depuis plus d'un siècle pour un pays d'Europe occidentale ! Preuve est faite que la crise actuelle peut aussi emporter des États.
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