Satyam en sursis un mois après le scandale

Un mois tout juste après la révélation des fraudes massives commises au sein de Satyam, la quatrième société de services informatiques indienne est toujours plongée dans l'incertitude la plus totale, tant sur la nature et l'étendue de la fraude que sur son avenir. Les enquêtes n'ont toujours pas permis d'expliquer exactement ce que Ramalinga Raju, fondateur et patron du groupe, a fait. L'hypothèse la plus vraisemblable porte sur des détournements massifs de la trésorerie de Satyam, qui auraient servi à financer des achats de terrains à Hyderabad ? le fief de la famille Raju, où celle-ci détenait des entreprises dans l'immobilier et les infrastructures.La SSII elle-même tente de faire front. Le nouveau conseil d'administration mis en place par le gouvernement a d'abord chargé de nouveaux auditeurs, Deloitte et KPMG, de remettre de l'ordre dans les comptes. L'auditeur précédent, PricewaterhouseCoopers, n'officie évidemment plus. Deux de ses membres sont actuellement emprisonnés. Le conseil a également nommé le 5 février un nouveau directeur général, A. S. Murty, présent chez Satyam depuis quinze ans.Le conseil d'administration s'est également entouré de conseillers, Goldman Sachs, Avendus et Boston Consulting Group, pour étudier les options stratégiques. La SSII n'a pas vu pour l'heure d'hémorragie de clients, semble-t-il, même si l'assureur américain State Farm Insurance est parti. Mais le fonds de commerce de Satyam ? qui fournit des services informatiques ainsi que de la sous-traitance à de grandes entreprises du monde entier ? est toujours là. Et la bonne nouvelle pour les salariés du groupe, c'est qu'il intéresse beaucoup de monde.établir la situation réelleDifférents repreneurs potentiels se sont donc manifestés, pour tout ou partie de Satyam. Le plus offensif est le grand groupe indien d'ingénierie Larsen & Toubro, qui vient de monter à 12 % dans le capital de Satyam. Et d'autres candidats indiens sont sur les rangs, comme iGate, HCL ou Spice Group. Mais il est peu probable que quiconque formule une offre concrète avant que la situation financière réelle de Satyam ait été établie, ainsi que les amendes auxquelles la SSII pourrait être condamnée.Les autorités indiennes ont en tout cas déjà adopté deux mesures réglementaires importantes : le principe d'un double audit, pour les entreprises figurant dans les deux principaux indices boursiers du pays, et l'obligation, pour les actionnaires de référence des entreprises cotées, de faire savoir quand ils donnent en nantissement de prêts bancaires leurs actions dans leur société. Ramalinga Raju avait ainsi hypothéqué toutes ses actions Satyam, sans que personne ne le sache.Patrick de Jacquelot, à New Delh
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