Le Golfe mieux préparé que par le passé à la chute du pétrole

« Le monde arabe a perdu 2.500 milliards de dollars au cours des quatre derniers mois » du fait de la crise financière, expliquait récemment le chef de la diplomatie koweïtienne, Mohammed ­Sabah al-Salem al-Sabah. Et les six pays membres du Conseil de coopération du Golfe (Arabie Saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar) auraient, toujours selon lui, « reporté ou annul頻 60 % des projets de développement en cours.Le Golfe n'échappe pas à la crise. Mais les efforts de désendettement engagés au cours des dernières années et une gestion beaucoup plus rigoureuse de la manne pétrolière font que la région est aujourd'hui beaucoup mieux préparée que par le passé pour surmonter ce nouveau contre-choc pétrolier.Les six monarchies pétrolières du Golfe (CCG) devraient voir leur croissance passer de 6,8 % en 2008 à 3,5 % seulement en 2009, selon le directeur du FMI pour le Moyen-Orient et l'Asie centrale, Massoud Ahmed. La croissance accélérerait de nouveau en 2010 pour s'établir à 5,4 %. « Pour (ces) pays exportateurs de pétrole, le déclin des cours du brut et les réductions de la production de l'Opep devraient réduire de presque 50 % leurs revenus pétroliers en 2009 », ce qui se traduirait, selon le FMI, par un manque à gagner de 300 milliards de dollars par rapport à 2008.À elles seules, les monarchies du CCG subiront un manque à gagner de 203 milliards de dollars, leurs revenus pétro­liers passant de 460 milliards de dollars en 2008 à 257 milliards cette année.Dans ce contexte, certains investisseurs privés reconsidèrent leurs programmes d'in­vestissement. Le géant minier Rio Tinto a ainsi renoncé à financer sa participation de 49 % dans le cadre d'un joint-venture de 10 milliards de dollars avec l'Arabie Saoudite.Mais les pays du Golfe, malgré la nature souvent pharaonique des projets engagés ses dernières années, disposent de finances publiques à faire pâlir d'envie les meilleures élèves de l'Union européenne. En 2008, les pays membres du CCG affichaient en moyenne un excédent budgétaire équivalant à 22 points de PIB ! Malgré la chute des cours du pétrole, la région afficherait encore un excédent de 5 points de PIB cette année, selon l'International Institute Finance (IIF). Seules les finances d'Oman (? 6,1 %) et de Bahreïn (? 6,7 %) basculeraient dans le rouge.Les pays de la région ont également profité de la hausse des revenus pétroliers pour se désendetter, puisque la dette ­publique est passée de 80 % du PIB à la fin des années 1990 à 13 % seulement en 2008. Xavier Harel
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