Lune de miel franco-mexicaine

Ce lundi, la visite d'État de Nicolas Sarkozy à Mexico aura valeur de test. Pour l'occasion, un « groupe de haut niveau », composé de grands patrons français (Accor, Danone, EADS, Lafarge, Safran, Saint-Gobain, Schneider Electric, Suez) et mexicains (Banamex, Concord, Cuervo, Geusa, Interjet, Televisa), planche depuis plus d'un an sur les projets pour intensifier les échanges bilatéraux. Une première?! Souhaitée par les deux présidents, cette délégation d'élite leur remettra aujourd'hui ses conclusions. L'enjeu est de taille pour le Mexique, qui cherche à s'affranchir de sa dépendance envers les États-Unis en se tournant vers l'Europe, avec la France comme tête de pont.Avec 80 % de ses exportations vers son puissant voisin, le Mexique subit de plein fouet la récession américaine. Ces dernières (un tiers du PIB) ont chuté de 31,5 % en janvier (15,2 milliards de dollars). Conséquence ?: la croissance affichera une contraction de 1,9 % en 2009, selon la Banque du Mexique. De quoi pousser le pays à diversifier ses échanges. « Le poids politique de Nicolas Sarkozy en Europe devrait permettre d'attirer plus d'investisseurs », se félicite Mario Juarez de l'agence gouvernementale Pro Mexico.Certes, les accords de libre-échange avec les pays européens ou la Chine portent déjà leurs fruits. En 2007, plus de la moitié des 27 milliards d'investissements étrangers venait d'Europe ou d'Asie. D'autant qu'en octobre dernier, le Mexique est devenu « partenaire stratégique » de l'Union européenne. Mais les 300 entreprises hexagonales au Mexique ne représentent que 1,1 % de part de marché, contre 3,9 % pour les allemandes, 1,6 % pour les italiennes et 1,5 % pour les espagnoles.Les contrats, annoncés aujourd'hui, visent à redresser la barre. En collaboration avec Telmex, Thales équipera Mexico de 8.000 caméras de sécurité pour 316 millions d'euros. Sanofi-Aventis et Birmex construiront ensemble une usine de vaccins. Danone créera un grand centre de distribution et une « mégaferme » laitière en partenariat avec les paysans mexicains. Suez, Lafarge et Balleres s'associeront pour des échanges d'expériences sur le développement durable. Des ventes d'hélicoptères à l'État mexicain et un accord sur les formations sont prévus pour EADS, qui annoncera bientôt de gros investissements de la part de ses sous-traitants. Sans oublier la création d'un centre d'affaires dédié aux PME et des projets éducatifs avec l'académie de Créteil.Mais une ombre plane sur cette lune de miel?: pas de contrat mexicain en France, alors que le « groupe de haut niveau » prévoyait une réciprocité. Si les exportations de la France au Mexique s'élève à 2,2 milliards d'euros en 2008 (+ 18,5 %), les importations françaises plafonnent à moins de 800 millions d'euros.
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