Le « Fortis Gate » rattrape Didier Reynders

Le démiurge du feuilleton Fortis a décidément un sens inné du scénario. Alors que le récit principal, qui met en scène les dirigeants de BNP Paribas, est suspendu de facto jusqu'à l'assemblée générale des actionnaires de Fortis Holding début avril, une intrigue secondaire vient d'être relancée qui devrait alimenter la chronique. À savoir l'enquête parlementaire sur les possibles pressions exercées par le gouvernement fédéral sur la justice en décembre pour tenter de sauver les accords de démantèlement de Fortis, scellés en octobre.Ce « Fortis Gate » avait entraîné la démission du gouvernement. La commission sur « la séparation des pouvoirs judiciaire et politique » entre aujourd'hui dans le vif du sujet avec l'audition de l'ancien Premier ministre, Yves Leterme, et surtout celle de son ex-vice-Premier ministre, Didier Reynders, toujours en place en qualité de ministre des Finances.Informé deux jours avant le rendu de la décision du 12 décembre que la Cour allait donner satisfaction aux actionnaires mécontents de Fortis Holding, Yves Leterme aurait cherché indirectement à convaincre les juges de revoir leur décision. Le but était d'éviter un vote en assemblée générale, dont la suite montra qu'il était risqué pour le gouvernement. La Cour, on le sait, résista à ces pressions. Mais plusieurs hauts magistrats s'en plaignirent au président de la Chambre de l'époque, Herman van Rompuy. Circonstance aggravante, Yves Leterme avait été mis au courant de l'orientation de la Cour par un de ses compagnons de route politique Jan De Groof, lui-même informé par son épouse, qui était une des juges de la Chambre chargée de statuer.verdict le 19 mars Après la démission du gouvernement, Herman Van Rompuy recommanda la création d'une commission d'enquête parlementaire. Devenu Premier ministre, il devra en gérer les conséquences à trois mois d'une double échéance électorale régionale et européenne. Cette semaine, le président de la commission, le libéral flamand Bart Tommerlein, a soulevé un tollé au sein du CD & V, le parti d'Yves Leterme et de l'actuel Premier ministre, Herman Van Rompuy, en déclarant qu'il y avait « des indices clairs d'influence ». La commission doit rendre son verdict le 19 mars. Au moment de sa constitution, un grand avocat bruxellois eut ce commentaire?: « Cette affaire me rend fier de mon pays. En France, une telle tentative de pression serait passée par pertes et profits. Ici au moins, on ne trouve pas cela normal ».Florence Autret, à Bruxelles
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