« Il faut une politique économique étrangère pour l'Europe »

Ces vingt-cinq dernières années, les valeurs des autres ont été plus puissantes que les nôtres?! » Pour le commissaire européen aux Affaires économiques, le moment est venu pour l'Europe de prendre « le leadership de cette nouvelle phase, de mettre en avant ses principes, ses solutions, ses priorités ». Joaquin Almunia plaide pour une véritable « politique économique étrangère » de l'Europe. Il est fier de la capacité d'initiative européenne face à la crise. « Depuis le début du processus, l'Europe a été aux commandes. Elle a eu l'idée de ce sommet du G20, de son agenda et elle a écrit une bonne partie des conclusions. » L'Espagnol appelle à capitaliser sur ce succès?: « Il faut continuer. Les autres ne vont pas s'arrêter. » Chiffres à l'appui, il rappelle que l'Europe demeure « le bloc économique le plus important au monde ». Le PIB européen constitue 22 % de l'économie globale contre 21 % pour les États-Unis et 11 % pour la Chine. « Mais notre poids politique n'est pas toujours à la hauteur de notre dimension économique. » une stratégie à 27En cause?? La « fragmentation » du bloc européen. « Chaque fois qu'un pays prend des décisions à titre individuel, sans utiliser la dimension communautaire, les autres prennent l'avantage et leurs idées peuvent finalement gagner. » Qui sont les « autres »?? Le commissaire européen vise, sans les nommer, les Américains, responsables de « la dérégulation, cette confiance aveugle dans les marchés, sans tenir compte de la nécessité d'une action publique pour corriger les erreurs du marché dans certains secteurs ». L'Europe, avec son économie ouverte, « a davantage intérêt que le reste du monde à une reprise rapide de l'économie mondiale », estime-t-il. C'est la raison pour laquelle elle doit continuer « à marquer l'agenda, à orienter les solutions vers des politiques et des types de régulation qui sont le plus en accord avec notre vision de l'économie, avec notre modèle de sociét頻. Le sommet de Londres du 2 avril a créé un précédent?: l'Europe a su y parler d'une seule voix. « Mais si on n'avance pas dans une représentation coordonnée, et à moyen terme unique, de l'Europe, ou au moins de la zone euro, dans les institutions internationales », la réunion de Londres « risque d'être seulement une position commune à court terme, mais pas une véritable stratégie à 27 ». Et de pointer du doigt les failles de la représentation européenne. « Au FMI, note-t-il, nous sommes les plus nombreux mais pas les plus influents. » Malgré cela, « les États membres concernés gardent jalousement leurs sièges ». Bruxelles réclame depuis longtemps une consolidation de la représentation européenne dans les conseils d'administration des institutions financières internationales. Idem pour « tous les G »?: G7, G8 et G20. Mais cette fragmentation devient « de plus en plus intenable », assure Joaquin Almunia. « C'est le moment opportun pour discuter de ces questions. Auparavant, on ne réalisait pas l'importance d'avoir une position européenne pour imposer nos solutions. Aujourd'hui, au lendemain du G20, c'est devenu plus clair. » nentretien avec Joaquin almunia, commissaire européen chargé des affaires économiques Au FMI, nous sommes les plus nombreux mais pas les plus influents. »
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.