La banque Lloyds Group, première à rembourser l'aide gouvernementale

Chahuté politiquement, Gordon Brown peut chercher un réconfort du côté des banques. Lloyds Banking Group (LBG) a rendu, hier, 2,3 milliards de livres (2,6 milliards d'euros) au gouvernement, après le succès de son augmentation de capital. Cela fait du géant bancaire britannique le premier grand établissement occidental à commencer à rembourser son sauvetage gouvernemental. Mais le retour à la normale est encore loin : il reste notamment à conclure les négociations sur la protection des actifs toxiques (APS, en anglais), qui n'est toujours pas formellement signée, trois mois après son annonce. Et l'établissement reste nationalisé à 43 %.En mars, LBG avait trouvé un accord avec le gouvernement pour garantir ses actifs toxiques. En échange de la garantie, la banque payait des frais très élevés (15,6 milliards de livres, 17,8 milliards d'euros). Mais pour limiter la facture, LBG posait une condition : transformer en actions normales les 4 milliards de livres (4,6 milliards d'euros) d'actions préférentielles détenues par le gouvernement depuis le sauvetage bancaire d'octobre, et qui imposaient le paiement d'un dividende annuel de 480 millions de livres.Pour cela, LBG a lancé une augmentation de capital du montant des actions préférentielles. Le résultat a été publié hier : 87 % des actionnaires ont décidé d'y souscrire, et les 13 % restant ont trouvé acquéreurs sur le marché.La décision des actionnaires n'est pas une surprise : l'action était émise à 38,4 pence, alors que le cours est au-dessus des 60 pence depuis plus de deux mois. L'ensemble des 4 milliards a donc été souscrit, mais l'État possédant 43 % de l'établissement, il ne touche que les 57 % restant, soit 2,3 milliards. « C'est un vrai progrès, se réjouit Lord Paul Myners, le secrétaire d'État en charge de la City. Nous entrons dans un nouveau territoire où les investisseurs institutionnels disent : ?Nous avons confiance dans les banques britanniques, leur capital est solide et elles réalisent à nouveau des prêts.? »programme gigantesqueLa levée de capital permet un accord gagnant-gagnant : l'État touche de l'argent, et la banque se débarrasse d'un lourd dividende annuel. Mais il reste encore un important travail à effectuer pour mettre au point le plan de garantie des actifs toxiques. Si le montant global garanti est fixé, il reste à définir le prix exact de chacun des dizaines de milliers d'actifs toxiques qui seront couverts. « Faut-il compter chaque actif à 50 % de leur valeur faciale ? À 30 % ? », s'interroge Alex Potter, analyste à Collins Stewart. Le gouvernement s'inquiète de ce que les pertes de LBG et de RBS ont été plus importantes que prévues au premier trimestre. Or le plan de garantie fixe un seuil de perte pris en charge par la banque, au-delà duquel le gouvernement garantit 90 % des pertes. Pour Downing Street, le risque est que les seuils limites soient atteints plus rapidement que prévu.De plus, la taille du programme est gigantesque. « Il y a plus de 300 milliards de livres d'actifs, ce qui est comme une grande banque à part entière, expliquait le mois dernier Stephen Hester, le directeur de RBS. Chacun de ces actifs doit être identifié, compté séparément. » Il espère une décision définitive cet été. Les banques britanniques sont encore loin d'un retour à la normale. n Il reste à définir le prix exact de chacun des dizaines de milliers d'actifs toxiques qui seront couverts.
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