Le Parlement européen à la recherche d'une majorité

Joseph Daul se félicitait hier de la « victoire » de la formation qu'il préside, le Parti populaire européen (PPE). En dépit de la défection des conservateurs britanniques et tchèques, qui créent leur propre groupe, le PPE conserve le même poids que dans l'ancienne législature, avec 263 députés, et son président poursuit sur son élan. Aujourd'hui, il s'entretiendra avec le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, dont il soutient la reconduction. Entre l'élection du Parlement et le renouvellement de l'exécutif, le PPE veut d'emblée établir un lien fort.Mais les choses ne sont pas si simples. Ce qui vaudrait dans un système bipartisan à la française n'est pas forcément la règle à Strasbourg et Bruxelles. Le PPE dispose certes d'une belle avance, mais pas d'une majorité. Il a donc besoin d'alliés. Les conservateurs britanniques l'ont assuré de voter en général avec lui. Les libéraux sont en outre un partenaire naturel. Mais, même avec cet appoint, le PPE n'est pas en mesure de regrouper les 368 voix d'une majorité.D'où l'idée du social-chrétien Wilfried Martens de rassembler au centre. « Les partis qui ont créé l'Union européenne, ceux qui ont toujours poussé pour l'intégration doivent coopérer face aux populistes », a-t-il déclaré hier. C'est comme cela que le Parlement européen a fonctionné jusqu'à présent, sur un partage objectif du pouvoir entre les deux grands partis social-démocrate et de centre droit.Mais d'autres options sont possibles. Les libéraux (80 députés), qui sont en situation de négocier leur ralliement à un bord ou à l'autre, manifestent une préférence pour le PPE. Mais sans exclusive. « L'alliance au centre droit est la plus évidente », déclarait hier le président de leur groupe, Graham Watson. L'expérience en France du Modem, sanctionné alors qu'il tentait un rapprochement avec le PS, mérite d'être méditée. De leur côté, les socialistes (161 députés), qui se sont abstenus de tenir une conférence de presse jusqu'à présent, ne semblent pas avoir renoncé à la constitution d'une majorité sans le PPE. « Nous avions une alternative européenne, mais elle n'était pas assez visible. L'Europe a encore besoin d'une nouvelle direction », écrivait hier le président du PSE, Poul Nyrup Rasmussen, sur son blog. Les communistes ou assimilés de la Gauche unitaire européenne (33) et les Verts (52) seront donc probablement courtisés. Mais, là encore, pas de majorité possible sans les libéraux et même une partie du PPE.flou juridique L'enjeu immédiat de ces tractations est pour les uns la reconduction de José Manuel Barroso à la tête de la Commission et pour les autres plutôt son éviction. Les élus « anti-Barroso » considèrent que, s'ils parvenaient à former une coalition suffisamment large, ils pourraient obliger les chefs d'État et de gouvernement à présenter un autre candidat que l'ancien Premier ministre portugais. Dimanche soir, dans les couloirs du Parlement à Bruxelles, les noms de Guy Verhofstadt et Mario Monti circulaient. Deux figures appartenant au courant libéral qui permettraient de rallier une partie du centre droit. De là à imposer aux chefs d'État et de gouvernement une alternative à José Manuel Barroso, il y a un pas.Ces tractations se poursuivront dans les jours à venir dans un certain flou juridique puisque la question de savoir quand sera désigné le président de l'exécutif n'est pas tranchée. Elle sera au centre du prochain Conseil européen des 18 et 19 juin. Florence Autret et Yann-Antony Noghès, à Bruxelle
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