Des gérants assis sur leur cash

Que font les investisseurs institutionnels en pleine tempête des marchés ? Alors que les particuliers sont en règle générale les derniers à vendre leurs actions, les institutionnels, eux, sont en majorité déjà sortis. " Aujourd'hui, nous observons plusieurs types de comportements sur le marché ", résume Jean de Quatrebarbes, directeur chez JP Morgan Private Bank. D'abord, " il y a les investisseurs qui ont trop fait d'effet de levier et qui, aujourd'hui, continuent à vendre mais dans des volumes moindres qu'avant ", note l'expert. Ensuite, " il y a les gérants, plus stratégiques qui eux commencent à revenir sur le marché - à titre d'exemple, les banques qui rachètent d'autres banques - et enfin, il reste des gérants de fonds classiques - avec une vision de six à douze mois - qui, eux, restent assis sur leur cash et ne reviendront pas tant que les signaux ne seront pas au vert ".De fait, un grand nombre de gérants ont considérablement accru ces derniers mois leurs réserves de cash. Celles-ci, d'ordinaire comprises entre 5 et 10 %, atteignent désormais en moyenne des niveaux de l'ordre de 25 %. " Les gérants préfèrent logiquement placer cette poche de liquidités dans du monétaire à un taux de 4 % plutôt que de l'investir dans des actions en chute libre ", explique Frédéric Pétiniot, consultant chez Amadeis. " Tout dépend du style de gestion ", renchérit un gérant de hedge funds, " mais il est clair que l'on constate une monétisation croissante des investissements faits par les institutionnels. " En effet, " la demande est très forte pour le papier d'État de bonne qualité, notamment pour les bons du Trésor à taux fixe ", ajoute-t-il (lire page 6).Les hedge funds, eux-mêmes, participent à ce phénomène, et ont considérablement augmenté la part de cash. " Avec 2.000 milliards de dollars d'actifs, ils ont anticipé ce qui allait se passer et ont créé des liquidités de l'ordre de 600 à 700 milliards de dollars, soit le tiers de leurs actifs ", poursuit-on chez JP Morgan Private Banking.POLITIQUE DE L'AUTRUCHE" Les encours des hedge funds ont baissé ", confirme Frédéric Pétiniot, " il faudra toutefois attendre plusieurs mois avant d'avoir les chiffres réels sur la décollecte, c'est-à-dire le retrait des investissements. " Dans la gestion alternative, le préavis est assez long avant que les investisseurs ne puissent récupérer leurs avoirs. Cette politique de l'autruche prouve au moins une chose : la liquidité, si elle est aujourd'hui mal répartie, ne s'est pas complètement évaporée. Parquée dans les fonds de pension, les fonds souverains, ou encore les Sicavs monétaires et dans les réserves de cash des fonds investis en actions, elle ne demande qu'une chose : réaffluer sur les marchés. À moins qu'elle ne finisse par être happée par les demandes de rachats de parts qui se font de plus en plus massives. En témoignent les statistiques de décollectes nettes sur les Sicav et fonds actions en France (près de 70 milliards d'euros entre le 1er janvier et la fin juillet).
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