Les gouvernements, dans le rôle de pompiers pyromanes

J'avais dit que la crise serait grave, mais qu'on ne répéterait pas les erreurs de 1929 ; je constate qu'en réalité les politiques n'ont pas été à la hauteur." Pour l'économiste Elie Cohen, directeur de recherche au CNRS et membre du conseil d'analyse économique, les responsables publics n'ont pas su gérer la crise financière. Pis, par leurs paroles et leurs actes, ils "ont contribué à la déclencher", affirme-t-il. La crise systémique "a commencé avec la décision du secrétaire d'État américain au Trésor, Henry Paulson, de laisser la banque Lehman Brothers tomber en faillite", estime l'économiste. Le gel des créances sur Lehman qui en est résulté a semé une véritable panique dans le monde financier, et, au-delà, parmi les épargnants. En Europe, la crise a été alimentée par l'absence totale de coordination des réponses gouvernementales. "Une défaillance dramatique de l'Europe", juge l'économiste Patrick Artus, directeur des études économiques de Natixis. Première décision "non coordonnée" : celle du gouvernement irlandais, de mettre en place, unilatéralement, une garantie totale du passif de ses banques. Aussitôt, la liquidité des banques britanniques a fui vers l'île voisine. D'où la nationalisation partielle des banques britanniques, qui n'a fait qu'alimenter les craintes sur l'état du système financier. Ensuite, le sommet de Paris, réunissant Nicolas Sarkozy, Angela Merkel, Silvio Berlusconi et Gordon Brown, n'a pas débouché sur des annonces concrètes, notamment en raison de l'opposition du gouvernement allemand à toute coordination européenne. La ministre française de l'Économie, Christine Lagarde, avait proposé la création d'un fonds européen de sauvetage des banques, idée qu'elle avait développée dans une interview au Handelsblatt. Mais le gouvernement allemand a torpillé l'initiative. L'idée pourrait cependant resurgir la semaine prochaine lors du Conseil européen. De surcroît, la chancelière allemande a annoncé, dès le lendemain du sommet de Paris, son propre plan, soulignant ainsi la défaillance de l'Europe. "Un sommet des quatre principaux pays européens, se terminant par l'annonce que chacun fera comme il l'entend n'a pu qu'avoir un effet désastreux" sur les opinions comme sur le monde de la finance, ajoute Elie Cohen. "Et que dire de la réunion de 27 ministres des Finances européens s'achevant sur la seule décision de faire passer à 50.000 euros la garantie des dépôts bancaires ?" Finalement, face à l'approfondissement de la crise hier, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont annoncé tard dans la soirée, dans une déclaration conjointe, que les actions de Paris et de Berlin "relatives à la crise financière seront totalement coordonnées".Ils ont ditNicolas Sarkozy : " Seule l'action coordonnée des banques centrales et des gouvernements permettra d'enrayer le risque systémique et d'assurer le financement des économies. Il ne peut y avoir de réponse isoléeà des défis globaux. "Christine Lagarde : Les dirigeants d'entreprise et les actionnaires devront " payer les pots cassés " en cas de mauvaise gestion.Dominique Strauss-Kahn : " Ce qu'il faut à présent,c'est une forte recapitalisation des banques. "Jean-Claude Trichet : " Il y ades limites à ce que nous pouvons faire, car nous n'avons pas nous-mêmes la capacité d'intervenir lorsque surviennent des problèmes de solvabilitéqui sont au-delà des problèmes de liquidité. "Angela Merkel : " Les conséquences à long termede la crise financière sont impossibles à prédire aujourd'hui, comme ses effets sur la croissance. "Gordon Brown : " Nous avons invité les autres pays européens à envisager des propositions que nous leur avons faites ce matin [mercredi] en vue d'un plan de financement à moyen terme. "
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