Les banques

L'hiver est décidément glacial pour les banques allemandes. Au lendemain de l'annonce du renflouement d'urgence de 10 milliards d'euros de la Commerzbank par l'État (voir « La Tribune » d'hier), c'est la Postbank qui a prévenu hier qu'il fallait s'attendre à une perte « notable » en 2008. La banque postale allemande se refuse à quantifier ces pertes, les premières depuis douze ans, avant la première estimation de ses résultats, le 19 février prochain. Les estimations du marché font cependant état de 600 millions d'euros, dont 500 millions d'euros sur le seul quatrième trimestre. Les pertes du troisième trimestre s'étaient déjà élevées à 449 millions d'euros. Elles avaient conduit la Deutsche Post à recapitaliser Postbank à hauteur d'un milliard d'euros.La banque explique que de nouvelles dépréciations ont été enregistrées dans le cadre de la cession complète de son portefeuille d'actions. Évidemment, compte tenu de la situation à la fin de l'année dernière sur les marchés, des dépréciations massives ont été inévitables. Le groupe affirme cependant que, désormais, le processus est achevé et qu' « à l'avenir ce portefeuille ne pèsera donc plus sur le ratio de solvabilité du groupe ». Postbank assure par ailleurs que la tendance de son activité de détail, sur laquelle elle fonde désormais son salut, est « positive ». Mais les investisseurs ne se laissent désormais plus aussi facilement rassurer. En l'absence de chiffres précis sur le niveau des pertes, l'action a reculé hier de 6,91 % à 13,47 euros.Deutsche Bank touchéeCette annonce a fait une victime collatérale : la Deutsche Bank, qui est désormais sous pression. D'abord en raison du rachat prévu de 29,75 % de Postbank, officiellement au prix de 57,25 euros par titre, soit 4 fois son prix actuel sur le marché. Hier, la première banque allemande a confirmé qu'elle souhaitait toujours réaliser cette acquisition avant fin mars. Mais plus généralement, après les annonces de Postbank et de Commerzbank, la question des dépréciations de la Deutsche Bank au quatrième trimestre commence à se poser et, comme le note un analyste, « elle risque de peser durablement » sur le cours de l'action qui a cédé 4,69 % à 24,51 euros hier.En attendant, le marché digère toujours fort mal l'aide apportée par l'État à la Commerzbank. L'action de la deuxième banque du pays a reculé encore de 10,83 % hier après avoir cédé 12 % jeudi et a atteint au passage son plus bas niveau historique à 4,49 euros. Certes, certains, comme Robert Halver, stratège chez Baader Bank, estiment que cette aide rend le groupe plus attractif. Mais la dilution induite par la prise de participation de l'État de 25 % et le montant particulièrement élevé de l'injection de liquidité, près de 6 fois la capitalisation du groupe, ont mis à mal la confiance des investisseurs. un soutien limitéUnicredit et MM Warburg ont réduit leurs recommandations sur le titre à « vendre », tandis que UBS et JP Morgan abaissaient leurs objectifs de cours. À Berlin, le ministère des Finances a défendu son action en rappelant que cette aide avait pour but la réussite de la fusion avec la Dresdner Bank et que la prise de participation de l'État était « limitée dans le temps ». L'État pourrait donc revendre ses actions une fois la situation stabilisée. Mais une autre difficulté se dessine déjà : les banques mutualistes et les caisses d'épargne ont hier dénoncé « l'avantage compétitif » que pourrait donner à la Commerzbank cette aide. Un avantage qui pourrait inciter d'autres instituts à aller frapper à la porte de l'État. nLES PERTES DE POSTBANK au QUATRIèME TRIMESTrE 2008 seraient de 600 millions d'euros.
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