La fusion Merck-Schering illustre la fuite en avant de la pharmacie

Une fois, c'est un hasard. Deux fois, c'est une coïncidence. Trois fois, c'est une stratégie », dit un proverbe militaire américain. Le rapprochement annoncé hier entre Merck et Schering-Plough pour 41 milliards de dollars (32 milliards d'euros) n'est que le second de l'année dans le secteur pharmaceutique, après l'acquisition, fin janvier, de Wyeth par Pfizer pour 68 milliards de dollars. Mais il confirme la tendance : les opérations d'envergure entre laboratoires sont de retour. Au grand dam des experts qui proclamaient la fin des « mégafusions », trop chères, trop complexes à gérer et trop risquées.Car les faits sont là : Merck, quatrième laboratoire américain (24 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2008), va débourser 9,8 milliards de dollars en liquidités, le reste en dette et en actions, pour mettre la main sur Schering-Plough (18,5 milliards). Soit une prime de 34 % sur le dernier cours de Bourse de la cible. « Le plus étonnant est que ces opérations n'aient lieu qu'entre américains, les plus exposés au ralentissement de leur marché domestique. Mais il est plus facile de procéder à des réductions de coûts dans un même pays », note un analyste. Car l'opération apparaît une fois de plus défensive. Comme Pfizer, Merck, qui ne s'est jamais totalement remis de l'arrêt de son anti-inflammatoire Vioxx en 2004, est particulièrement exposé aux génériques : 55 % de ses ventes sont menacées d'ici à 2012 contre 14 % pour Schering-Plough. des zones d'ombre Les dirigeants de Merck attendent de la fusion « un doublement du nombre de molécules (18) en phase III » (la dernière avant la commercialisation) mais surtout des économies de coûts de « 3,5 milliards de dollars par an à partir de 2011 ». Mais la situation comporte des zones d'ombre : les deux groupes commercialisent ensemble le Vytorin (4,6 milliards de dollars en 2008), un anticholestérol dont les ventes ont chuté l'an dernier (? 26 % au dernier trimestre 2008) en raison de doutes sur son efficacité. Surtout, la fusion ne va pas sans casse sociale : 15 % des effectifs du nouvel ensemble (soit près de 16.000 postes) en feront les frais. Ils s'ajoutent à près de 18.000 emplois supprimés chez Merck depuis cinq ans.Au demeurant, plusieurs laboratoires ? Sanofi-Aventis, Novartis, etc. ? se disent défavorables à ces « mégadeals ». Dès lors, qui seront les prochains à faire des emplettes ? « Aux États-Unis, Lilly est le plus exposé aux génériques après Pfizer et Merck », note un expert. Du côté des cibles, AstraZeneca est en position de faiblesse : 60 % de ses produits présentent un risque générique d'ici à 2012, selon le cabinet Bionest.
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