« Il n'y a pas que l'automobile en Europe »

À la demande des pays de l'Union européenne, qui sont vos actionnaires, vous avez considérablement augmenté votre encours de crédits. Avez-vous également assoupli votre politique de prêt ?Notre encours pour les PME est effectivement passé de 48 milliards d'euros en 2007 à 57 milliards en 2008, avec une progression particulièrement marquée ces tout derniers mois. Et nous avons en outre revu notre produit de base. L'effet de levier est maintenu, à savoir que lorsque nous prêtons 100 millions d'euros, il faut que la banque intermédiaire par laquelle notre prêt est distribué fasse au moins 200 millions de crédit. Mais les procédures et les conditions d'utilisation des prêts ont été énormément simplifiées. Il est désormais possible de financer, outre les investissements matériels, des investissements immatériels, tels qu'un programme de recherche, un réseau de distribution ou même un fonds de roulement. En contrepartie, nous exigeons plus de transparence quant à la manière dont l'avantage financier est effectivement transmis aux PME.Pourtant, le « credit-crunch » s'aggrave particulièrement en Europe centrale et orientale?Les lignes de crédit que nous débloquons y sont en effet très peu utilisées. Par exemple, un grand groupe bancaire européen présent dans cette région a tiré seulement 100 millions d'euros sur les 1.800 millions de crédit aux PME, uniquement pour ces pays, qui lui avaient été accordés en 2008. Nous organisons actuellement des réunions au niveau des directions des groupes pour comprendre ce phénomène.La Banque centrale se pose des questions sur la distribution du crédit, ses baisses de taux étant peu répercutées sur l'économie réelle. Vous en parlez avec son président Jean-Claude Trichet ?Cela m'est arrivé. Nous avons le sentiment qu'il faut que les directions des grands groupes bancaires européens donnent des instructions plus claires à leurs services et notamment à leurs filiales. Cette semaine, le conseil d'administration de la BEI doit se prononcer sur un paquet de prêts au secteur automobile de 3 milliards. Les constructeurs, eux, continuent à demander plus ! C'est un lobby très efficace. Mais chacun son rôle. En ce qui nous concerne, les États membres nous ont demandé d'augmenter substantiellement le volume de nos prêts en 2009 et en 2010. Cependant, mes actionnaires n'accepteraient pas que la totalité de cette augmentation n'aille qu'à un seul secteur. Il n'y a pas que l'automobile en Europe. D'autant que pour certains groupes, nous sommes très proches de la limite d'exposition individuelle, à savoir 5 % de nos fonds propres.Et les groupes français ?Dans le paquet de cette semaine, il y a 400 millions pour Renault et autant pour Peugeot, autrement dit le plafond annuel de nouveaux prêts aux entreprises du secteur que nous nous sommes fixés.Propos recueillis par Florence Autret, à Bruxelles.(*) Banque européenne d'investissement
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