Les dégâts sociaux provoqués par la crise auraient-ils fait naître des remords de la part du Kremlin ? Ou est-ce la crainte de révolte sociale aiguisée par le sentiment d'injustice ? « Ce n'est plus le moment de se précipiter sur le gouvernement pour réclamer de l'aide », a averti Arkadi Dvorkovitch, conseiller économique de Dmitri Medvedev. « L'État n'aidera pas. Nous ne sauverons personne. » Soit un virage à 180° dans la politique anticrise du Kremlin, qui jusqu'ici versait des sommes colossales aux groupes controlés par les oligarques pour les aider à surmonter leur surendettement.Soutenir la demande Arkadi Dvorkovitch a répété son avertissement hier au « Wall Street Journal », ce qui n'a pas dû rassurer les banquiers occidentaux qui ont prêté des milliards de dollars à des groupes russes en expansion internationale rapide. En octobre, le gouvernement russe promettait de fournir 50 milliards de dollars aux entreprises locales pour refinancer leur dette étrangère. En décembre, ces dernières avaient déjà demandé des aides pour un total de 78 milliards de dollars. Mais, en fin de compte, le Kremlin n'a versé que 19 milliards de dollars. Premier bénéficiaire, l'oligarque Oleg Deripaska (le plus endetté de tous) a reçu 4,5 milliards de dollars. Alfa Group arrive en deuxième, avec 2 milliards de dollars d'aide. Il n'a échappé à personne en Russie que l'aide était monopolisée par un tout petit groupe d'entrepreneurs.Désormais, le mot d'ordre du Kremlin est d'aider les citoyens, pas les oligarques. Soutenir la demande plutôt que l'offre porte un coût politique moindre, alors que l'opposition communiste refait entendre sa voix en protestant contre le « sauvetage des oligarques ». Le taux de chômage dépasse désormais les 8 % et un tiers des salariés russes se plaignent de retards de salaire. La manne pétrolière dans laquelle le Kremlin drapait son assurance retrouvée rétrécit comme peau de chagrin et la popularité du duo Poutine-Medvedev commence à tanguer? n

latribune.fr

21 Mars 2009, 1:28

Partager :