Le Tibet fait craindre à Pékin de nouvelles tensions

Cette année, Pékin a pris ses précautions. En déployant des troupes supplémentaires dans les territoires tibétains et en instaurant de facto une loi martiale dans la région, le régime populaire de Chine a voulu éviter une réplique des émeutes du 14 mars 2008, lorsque des Tibétains de Lhassa et dans d'autres villes tibétaines s'en sont pris aux boutiques des « Han » (principale communauté chinoise) qui prospèrent sur leur sol et que les Tibétains perçoivent comme des colons. Le risque de nouvelles tensions est lié ces jours-ci à la commémoration par les Tibétains du cinquantième anniversaire du soulèvement contre l'occupation chinoise que Pékin avait durement réprimé et qui avait contraint le 14e dalaï-lama à l'exil en Inde, le 30 mars 1959. Depuis son refuge de Dharamsala, le chef spirituel bouddhiste a enjoint à ses fidèles de s'en tenir aux prières. Mais ses multiples tentatives au cours de ces dernières années pour renouer un dialogue avec les maîtres de Pékin et les convaincre pacifiquement d'accorder une « autonomie » au Tibet sont restées vaines. Les dirigeants chinois sont très sourcilleux sur le risque séparatiste, déjà sévèrement réprimé dans la province du Xinjiang, où vivent de nombreux musulmans.un autre anniversairePas question non plus pour le pouvoir de laisser se développer une fronde au Tibet au moment où la croissance économique de l'empire du Milieu s'effondre et attise l'exaspération de la population chinoise confrontée au chômage. D'autant qu'un autre anniversaire se rapproche, celui de la révolte démocratique de la place Tiananmen de juin 1989, lui aussi réprimé dans le sang. Hier, Wu Bangguo, président de l'Assemblée nationale populaire actuellement en session, a prévenu que « jamais » la Chine n'adopterait une démocratie calquée sur le modèle occidental. Laurent Chemineau
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