Valadon, cruelle maman du petit Utrillo

Son nom évoque un tableau accroché dans un intérieur années 1950. Meubles en fer forgé, bouquet de glaïeuls et tapis au sol de Lurçat. Et surtout Montmartre dont il a fait un cliché pour touristes. Utrillo est mort célèbre et célébré. Juste avant que sa peinture ne soit considérée comme banale. Insignifiante. Pour Suzanne Valadon, sa maman, c'est autre chose. Peintre au talent original, certes moins connue que son fiston, elle se révèle être une mère redoutable. Au moment où son fils faiblit, elle l'achève en se lançant elle-même dans la peinture. Un meurtre. D'autant qu'elle prend pour amant André Utter, un beau blond séduisant, ami de son fils. Situation que ce dernier ne supporte pas.rôle dévastateurEn réunissant 140 tableaux d'Utrillo et de Valadon, la Pinacothèque de Paris ne joue pas la confrontation entre les deux artistes. Elle montre que, jusqu'à la Première Guerre mondiale, le peintre de Montmartre, en créant son propre style, est un artiste qui compte dans le mouvement de l'école de Paris. L'exposition dévoile surtout le rôle dévastateur de sa mère, autodidacte, qui commence par dessiner pour ensuite devenir peintre et surpasser son fils. Tous deux étaient nés de père inconnu. Elle en 1865. Lui en 1883. C'est un enfant introverti, qui bégaie. Mal dans son corps comme dans sa tête. Hargneux, coléreux, il traîne dans les rues et très vite, encore adolescent, il s'adonne à la boisson jusqu'à devenir alcoolique et être interné. La mère pose comme modèle auprès de Puvis de Chavannes, Renoir ou encore Toulouse-Lautrec. Elle dessine, fait l'admiration de Degas qui l'encourage. Et entretient avec son rejeton une relation d'amour-haine.Montmartre villageoisUtrillo peint à Montmartre, en dégageant du lieu une ambiance de village. Mais un village sans habitant. Comme un regret de campagne. Ce qui l'intéresse, ce sont les rues, les façades, cette lumière blanche qui tombe sur la butte. Il s'aventure même dans des compositions presque géométriques comme « le Restaurant de la mère Catherine, 1911 » aux grands aplats marrons et blancs.femme libre, audacieuseValadon, elle, se range plutôt du côté des nabis, de Gauguin parfois. Avec un sens de la couleur étonnant, d'une humeur joyeuse, d'une vivacité étincelante. Ses nus sont mordants avec une chair attirante. Ce qui permet à l'artiste de s'affirmer à travers sa peinture comme une femme libre, audacieuse. Mais ses ?uvres étouffent très vite celles de son fils, fragiles, à la limite de la banalité. Le travail de ce dernier est incapable de résister à la trahison de sa génitrice.Dans les années 1920, alors qu'Utrillo ressasse une peinture auquel il ne semble plus croire, Suzanne Valadon, au contraire, rayonne à travers un ensemble de portraits qui délivrent une joie de vivre qu'elle exalte. Cruelle, elle va rendre l'?uvre à venir d'Utrillo vieillotte, sans attrait. C'est pourtant celle-ci qui sera la plus prisée et la plus vendue dans les années 1950. n Pinacothèque de Paris, 28, place de la Madeleine, Paris VIIIe. Tous les jours de 10?h?30 à 18 heures jusqu'au 15 septembre.Tél. : 01.42.68.02.01.
Commentaire 1
à écrit le 29/09/2022 à 9:23
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Bien que cet article soit daté de plus de 10 ans, je réponds pour ne pas induire de futurs lecteurs en erreur si par hasard ils venaient à tomber par là. La personne qui a écrit cet article ne connait strictement rien à la vie de Valadon et d'Utrill...

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