Face à la crise mondiale, l'Afrique tire plutôt bien son épingle du jeu

L'Afrique n'est évidemment pas épargnée par la crise. Mais elle tire plutôt bien son épingle du jeu. Alors que pas un seul pays membre de l'OCDE n'échappera cette année à la récession, l'économie de l'Afrique croîtrait de 2,8 % en 2009 et de 4,5 % en 2010, selon l'OCDE. « Non seulement le différentiel de croissance entre le continent africain et les pays riches reste positif, mais il s'accroît », relève le chef économiste du centre de développement de l'OCDE, Javier Santino, lors d'un forum économique international qui s'est tenu à Bercy. « L'Afrique est même le troisième contributeur à la croissance mondiale en 2009, après la Chine et l'Inde », souligne Acha Leke, du cabinet McKinsey & Company.Après quatre années de croissance à plus de 5 %, elle affiche des fondamentaux relativement solides qui lui permettent d'absorber le choc actuel dans de meilleures conditions que par le passé. Les finances publiques sont globalement saines, avec un excédent de 2,8 % du PIB en 2008 contre un déficit de 1,4 % sur la période 2000-2005. Les allégements de dette consentis depuis le début de la décennie ont permis de ramener l'endettement extérieur du continent de 110 points de PIB en 2005 à 21 points aujourd'hui. Résultat, les États ne consacrent en moyenne plus que 4,7 % de leur PIB au service de la dette contre 20,8 % en 2005.décuplement des échanges« Par ailleurs, la part accrue des pays émergents d'Asie et d'Amérique latine dans les partenariats commerciaux et le développement réduit la dépendance du continent aux résultats économiques des pays de l'OCDE », souligne l'organisation. Les échanges commerciaux entre l'Afrique et la Chine ont décuplé depuis 2001 pour atteindre 100 milliards de dollars en 2008. Et de grandes entreprises d'envergures continentales apparaissent au Nigeria, en Afrique du Sud, en Égypte, au Maroc. La fusion en cours entre l'indien Barti et le sud-africain MTN pourrait donner naissance à un géant des télécoms fort de 200 millions d'abonnés en Afrique et en Asie, dégageant un chiffre d'affaires de 20 milliards de dollars.« Les économies africaines les plus durement touchées sont celles qui dépendent dans une large mesure des exportations de produits de base », souligne l'OCDE. Le consultant Acha Leke remarque toutefois que la flambée des matières premières des dernières années explique seulement un sixième des performances du continent africain depuis le début de la décennie. C'est surtout l'investissement, la consommation et les dépenses publiques en infrastructures qui ont soutenu le développement des dernières années.Lionel Zinsou, membre du comité exécutif de PAI Partners, relève pour sa part que le ralentissement de la croissance est un terreau fertile pour les crises sociales et politiques. « L'indice de l'OCDE sur les troubles politiques en Afrique a beaucoup progressé ces deux dernières années », note-t-il. Certaines communautés étrangères, notamment en Afrique australe, pourraient devenir la cible de la vindicte populaire. n
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