Le G8 se préoccupe de l'impact des paradis fiscaux sur les pays pauvres

Le G8 a réitéré à L'Aquila son engagement de porter l'aide aux pays en développement à 0,7 % du PIB en 2015. Mais le club des pays riches s'est également inquiété, et c'est une première, des effets désastreux de la fuite des capitaux des pays pauvres vers les paradis fiscaux. Le G8 dénonce ainsi dans sa déclaration finale « les effets particulièrement dommageables de l'évasion fiscale dans les pays en développement ». Il souhaite donc que les pays en développement soient davantage associés à la lutte contre les paradis fiscaux dans le cadre du Forum global de l'OCDE, qui réunit aujourd'hui 84 pays, dont les 30 pays membres de l'OCDE.« larges proportions »« Les paradis fiscaux minent les pays développés et les pays en développement, mais l'impact est plus important pour ces derniers », souligne une commission d'experts mise en place par le gouvernement norvégien. Dans un récent rapport, intitulé « Paradis fiscaux et développement », les économistes norvégiens écrivent que les sorties illicites de capitaux des pays en développement sont comprises entre 641 et 979 milliards de dollars par an, c'est-à-dire « 10 fois » le montant de l'aide des pays riches. Tous ces capitaux ne trouvent pas forcément refuge dans des paradis fiscaux. Il est toutefois établi que les élites des pays pauvres recourent dans des « larges proportions » à ces juridictions discrètes.Les économistes norvégiens estiment ainsi qu'un cinquième des dépôts dans les paradis fiscaux (de 11.000 à 12.000 milliards de dollars) sont le fait de particuliers dans des pays en développement, « soit une somme comprise entre 2.200 et 2.400 milliards de dollars, l'équivalent de trente fois ce que les pays en développement reçoivent sous la forme d'aide ». Des sommes définitivement perdues pour ces pays. Contrairement aux pays développés, qui disposent d'administrations fiscales étoffées, les pays en développement ne disposent ni des moyens et ni de l'expertise nécessaires pour récupérer ces capitaux évadés.Les multinationales travaillant dans ces pays peuvent d'autant plus facilement jouer des prix de transferts ? c'est-à-dire le prix facturé par une filiale d'un groupe à une autre filiale pour un produit ou un service ? pour réduire au strict minimum leur base imposable.assiette fiscale étroiteLa question de l'évasion fiscale dans les pays en développement se pose avec d'autant plus d'acuité que leur assiette fiscale est souvent très étroite. Au Bangladesh, par exemple, moins de 1 % de la population contribue effectivement au budget. En Tanzanie, un pays de 35 millions d'habitants, 286 entreprises assurent à elles seules 70 % des recettes de l'État. La faible fiscalisation de ces pays ne facilite évidemment pas le financement des services publics de base (éducation, santé, infrastructures, etc.). Dans les pays en développement, les prélèvements obligatoires représentent en moyenne 13 % du PIB contre 36 % en moyenne dans l'OCDE. Xavier Harel
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.