Le groupe espagnol Prisa rompt ses négociations avec Mediapro

udiovisuelAprès deux mois de négociations de plus en plus tendues, le groupe Prisa et la société de production Mediapro ont finalement dû reconnaître qu'ils n'étaient pas à même de développer l'accord signé le 5 juin dernier et prévoyant l'intégration de leurs actifs audiovisuels. Ce devait être le premier pas vers une fusion des chaînes de télévision qu'ils contrôlent, Cuatro et La Sexta respectivement. Cette annonce a été accueillie vendredi par une dégringolade de 10,17 % du titre Prisa à la Bourse de Madrid.Dans ces conditions, la « guerre du football » qui s'était déclenchée lorsque Mediapro avait ravi à Sogecable, la filiale audiovisuelle de Prisa, les droits de diffusion de la quasi-totalité des clubs de football, va maintenant reprendre : les deux rivales se verront à nouveau devant les tribunaux à la fin du mois de novembre, date fixée pour le procès décisif dans l'interminable bataille judiciaire qui les oppose.Impasse dangereuseParadoxalement, l'initiative de la rupture est venue de ceux qui avaient pourtant le plus à perdre dans l'affaire : les responsables du groupe Prisa. La négociation était en effet basée sur l'idée de la constitution d'une société de type paritaire, où les droits de vote seraient détenus à 50 % par chacun. Or, mercredi dernier, Prisa avait rompu ce principe et réclamé la majorité. Dans ces conditions, l'accord, qui achoppait déjà sur de sérieuses divergences dans l'évaluation des actifs respectifs, devenait impossible. Cette impasse est lourde de conséquences pour le groupe Prisa, tenaillé par une dette de plus de 5 milliards d'euros, qu'il avait précédemment voulu éponger en tentant, sans succès, de revendre sa filiale de TV payante Digital Plus au tandem Vivendi-Telefónica.Certes, Sogecable pourra malgré tout diffuser durant la saison qui s'ouvre les matchs de première division sur sa nouvelle chaîne sportive payante, Canal Plus Liga. Mais ce sera en utilisant les droits que lui a vendus, au prix fort, sa rivale Mediapro (c'est la seule partie de l'accord du 5 juin qui reste en vigueur). Et cela sans régime d'exclusivité : Canal Plus Liga devra faire face à la concurrence d'Ono, dans le câble, et de Mediapro elle-même si le Conseil des ministres approuve finalement, vendredi prochain, la création de sa chaîne cryptée Gol TV.Le groupe Prisa a-t-il mal calculé le rapport de forces en estimant que Mediapro, pour parvenir à un accord, entérinerait sa surenchère et accepterait un holding conjoint contrôlé par sa grande rivale (les deux groupes rivalisent pour obtenir les faveurs du gouvernement socialiste, dont ils sont tous deux proches) ? Ce qui est sûr, c'est que cette erreur d'appréciation rend impossible la fusion qui était pourtant la solution la plus équilibrée du point de vue commercial. Ensemble, les deux chaînes, d'audience très semblable, auraient joui d'une part de marché de 16,5 % qui les aurait placé en position de leader en Espagne.
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