L'emploi américain suscite l'espoir

ConjonctureEnfin une bonne nouvelle ! Le président américain, Barack Obama, en avait bien besoin. Sa popularité chute (un sondage, celui de l'université de Quinnipiac, ne lui donne plus que 50 % d'opinions favorables, contre 57 % il y a un mois), et il n'arrive toujours pas à mettre en ?uvre son grand dessein de réformer le système de santé. C'est le marché de l'emploi, son autre casse-tête, qui lui a mis un peu de baume au c?ur en fin de semaine dernière. Alors que les économistes s'attendaient à 325.000 destructions de postes, les chiffres de juillet n'en ont fait ressortir que 247.000. Le taux de chômage a lui aussi reculé, à 9,4 %, contre 9,5 % le mois précédent, même si d'aucuns estiment que c'est avant tout parce que certains chômeurs, découragés, ont cessé leurs recherches et n'apparaissent plus dans les statistiques? Les destructions d'emplois de juillet retrouvent en tout cas leur niveau d'août 2008, alors qu'en janvier dernier, l'économie américaine avait perdu 741.000 postes, du jamais-vu depuis 1949? « Nous allons dans la bonne direction », s'est d'ailleurs empressé de déclarer Barack Obama. Dans la bonne direction, certes, mais le but ? celui de faire en sorte que les quelque 14,5 millions de chômeurs actuels retrouvent un poste ? est encore loin d'être atteint. D'autant que d'autres salariés devraient rejoindre les rangs des sans-emploi dans les mois qui viennent, portant ainsi le taux de chômage à 10 %.prudence des patrons Car si les experts s'accordent à penser que la récession, qui enserre l'économie américaine dans ses griffes depuis décembre 2007, touche à sa fin, ils sont tout aussi unanimes à croire qu'entre le moment où l'activité va repartir ? peut-être dès septembre ? et celui où elle créera de nouveaux emplois, plusieurs mois s'écouleront. « Et encore, quand créations d'emplois il y aura, en 2010, elles seront poussives », pronostique Gus Faucher, économiste chez Moody's Economy.com, à Philadelphie. Le phénomène porte un nom : c'est la « jobless recovery », la reprise sans emploi. Il est en effet connu : si le temps de latence entre reprise et créations d'emplois n'avait été que d'un mois lors de la récession de 1981-1982, à l'occasion de celle de 1991, il avait été de quinze mois, et même de dix-neuf mois pour celle de 2001. Souvent, en effet, les chefs d'entreprise restent prudents avant d'embaucher à nouveau. Et ils commencent par demander à leurs salariés d'effectuer plus d'heures de travail. C'est d'ailleurs la tendance qui commence à se dégager. Le nombre hebdomadaire d'heures travaillées en juillet est en très légère hausse, à 33,1 heures, alors qu'il n'avait cessé de reculer ces derniers mois.Reste désormais à savoir combien de temps les patrons vont réfléchir avant d'embaucher véritablement. « Cela pourrait prendre entre six et neuf mois », avance Neal Soss, chef économiste au Credit Suisse, à New York. D'autres sont plus circonspects. Et soulignent les spécificités de la récession actuelle. En général, en effet, au sortir d'une période creuse, les créations d'emplois sont guidées par le marché de l'immobilier et de l'automobile. Or le premier a été laminé par la crise des subprimes. Le second est encore en pleine déconfiture, malgré la prime à la casse, qui vient d'ailleurs d'être prolongée, avec une enveloppe de 2 milliards de dollars à la clé. En outre, alors qu'au cours des précédentes reprises, les consommateurs s'appuyaient sur la valeur de leurs actifs immobiliers ou boursiers pour reprendre le chemin des magasins, il leur est impossible de faire cela aujourd'hui, compte tenu des pertes subies. Au contraire, au lieu de dépenser, ils épargnent. Du coup, la reprise par la consommation ne pourra qu'être anémique. Les créations d'emplois le seront également. Or c'est le contraire qui serait nécessaire, puisque la récession actuelle a été particulièrement meurtrière. Plus de 6,7 millions d'emplois ont disparu depuis fin 2007, contre 3,4 lors de la récession de 2001. Sans même penser aux nouveaux entrants sur le marché du travail, si les créations de postes peinent à simplement compenser les destructions passées, la confiance des consommateurs aura du mal à renaître, et avec elle, la consommation. Le cercle vicieux est encore loin d'être brisé. n
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