Excuses publiques des ex-patrons de RBS et HBOS

Si les exécutions publiques de masse existaient encore en Grande-Bretagne, c'est sans doute ce qu'il se serait passé hier. Par ces temps plus civilisés, les quatre banquiers britanniques jugés les plus responsables de la crise du crédit sont passés devant la commission parlementaire au Trésor, pour plus de trois heures de questionnement intensif. Face aux quatorze députés de la commission, les anciens patrons, penauds dans leurs costumes bleu marine quasi identiques, ont dû réaliser un exercice de contrition.D'un côté se trouvaient Tom McKillop et Fred Goodwin, respectivement ancien président et directeur général de Royal Bank of Scotland, établissement désormais propriété à 70 % du gouvernement britannique. De l'autre, étaient assis lord Stevenson et Andy Hornby, respectivement ancien président et directeur général de HBOS, banque sauvée doublement par Downing Street et la fusion avec Lloyds TSB. Tous ont démissionné en octobre.Dès le début, les quatre patrons ont présenté leurs excuses, « profondément et sans réserves », pour reprendre l'expression de lord Stevenson. Tom McKillop a reconnu clairement que l'acquisition d'ABN-Amro au prix fort à l'automne 2007 était une « grave erreur » : « Nous sommes désolés de l'avoir acheté. » Quant à lord Stevenson, il reconnaît qu'HBOS « était trop exposé et a trop prêté au mauvais moment du cycle économique ». Mais ces regrets de principe n'ont pas suffi aux députés. En entrant dans le détail, aucun des quatre anciens patrons n'accepte de vraie erreur. Pour eux, c'est le système financier qui est à blâmer.Le système de rémunération n'est-il pas à l'origine de la dérive ? Pas vraiment, répondent-ils, précisant qu'ils ont eux-mêmes perdu beaucoup d'argent dans la crise. « Je n'ai jamais reçu un centime de bonus en cash », précise Andy Hornby.sous-entenduDès lors, l'explication est-elle à chercher du côté des conseils d'administration, qui seraient trop mous ? Là encore, tous rejettent l'explication. « Le conseil d'administration s'est réuni 18 fois concernant l'acquisition d'ABN-Amro », précise par exemple Tom McKillop. HBOS détaille de son côté les nombreux conseils d'évaluation des risques qui étaient en place, chacun étant présidé par deux membres du conseil d'administration.Alors, la clé du problème se trouve peut-être ailleurs. « Peut-être que vous ne compreniez pas l'entière complexité du problème ? » interroge John McFall, président du comité parlementaire. « Je suis d'accord avec le sous-entendu de votre question », reconnaît Tom McKillop. Un aveu ? partiel ? étonnant, qui indique que même le président de RBS était dépassé par les produits dérivés et la titrisation? Éric Albert, à Londres
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