Délicates fusions entre chimistes

En ces temps de raréfaction du crédit, les mégafusions semblaient réservées aux secteurs épargnés par les turbulences financières et industrielles ? comme la pharmacie. Il n'en est rien. L'annonce de l'ac hat par le numéro deux mondial de la chimie, l'américain Dow Chemical, de son compatriote Rohm & Haas rappelle qu'une opération à 18 milliards de dollars est possible dans un secteur sinistré. Après son annulation en décembre pour raisons financières ? un dédit du Koweït qui devait former une coentreprise avec Dow ?, le mariage se fera finalement au prix initial, déjà jugé élevé l'été dernier. Certes, les modalités ont changé : au lieu d'empocher des liquidités, les principaux actionnaires de Rohm & Haas ? la famille Haas et le fonds Paulson ? débourseront 2,5 à 3 milliards de dollars en échange d'actions Dow préférentielles. Quant à l'acquéreur, il cédera pour 4 milliards de dollars d'actifs. pénalités en jeuIl n'empêche : comment expliquer la réussite de l'opération ? Les pénalités en jeu ? 100 millions de dollars par mois de retard ? et le procès qui devait se tenir cette semaine ont certes pesé. Mais ce cas de figure n'avait pas empêché un autre chimiste américain, Hexion, d'annuler ses noces avec Huntsman après paiement d'une « amende » de 1 milliard de dollars. C'est l'acharnement de la cible qui a fait la différence. « Dans le cycle baissier que traverse la chimie, l'intérêt financier a prévalu », analyse Marc Livinec, chez Euler Hermes. Car l'offre valorise Rohm & Haas à 78 dollars par action, une prime de 44 % sur le cours de début mars. Et la fusion fait sens pour Dow, qui veut réduire le poids de sa chimie de base (pétrochimie?) au profit de spécialités moins cycliques, apanage de Rohm & Haas.Est-ce le signe d'une reprise des mouvements dans le secteur ? « Il y en aura d'autres car les économies d'échelle sont nécessaires », estime Serge Delobel, président de la branche adhésifs d'Henkel. « Les chimistes resteront concentrés sur la gestion de leur cash en 2009. Une fusion de cette taille restera isolée », juge à l'inverse Marc Livinec. La précédente opération, le rachat de Ciba par BASF? avait eu lieu le jour même de la faillite de la banque Lehman Brothers...
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