Les liaisons dangereuses des opérateurs avec les médias

Céder à la tentation du contenu sans pour autant perdre la tête. C'est, selon le cabinet de conseil Arthur D. Little et le courtier Exane BNP Paribas, qui en font le thème de leur huitième étude annuelle, l'équilibre que doivent trouver les opérateurs en télécoms avec les médias. Une étude qui prend tout son sens en France alors qu'Orange et Canal Plus se livrent depuis quelques mois à une bataille ouverte dans les contenus.D'un côté, en se diversifiant dans la diffusion de films ou d'événements sportifs, les groupes de télécoms peuvent espérer trouver des revenus pour compenser une partie de la perte de chiffre d'affaires dans la téléphonie fixe. Selon les auteurs, à l'horizon 2015, les opérateurs des neuf plus grands pays européens pourraient engranger plus de 3,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans les contenus, soit 7,2 % de leurs revenus 2008. À elles seules, les offres de télévision payante pourraient rapporter 2,6 milliards d'euros. Un mouvement déjà bien amorcé par les opérateurs en télécoms puisqu'ils détenaient l'an dernier près de 7 % du marché de la télévision payante.Mais, d'un autre côté, cette diversification peut se révéler fortement destructrice de valeur. La base d'abonnés des opérateurs ne permet pas de supporter les investissements consentis par les grandes chaînes de télévision payante, sinon en augmentant fortement le prix des abonnements. Les analystes calculent qu'un opérateur en télécoms qui investirait 600 millions d'euros dans les contenus, soit déjà trois fois moins que Canal Plus, amputerait sa valeur nette de 176 millions d'euros. En revanche, celui qui limiterait ses investissements entre 100 et 150 millions d'euros, quitte à avoir des contenus moins prestigieux, augmenterait sa valeur de 316 millions d'euros.orange est allé trop loinDe quoi remettre en question la stratégie d'Orange qui verse chaque année 203 millions d'euros à la Ligue de football professionnel pour diffuser le championnat de France ? Embarrassés, les auteurs restent évasifs, mais Antoine Pradayrol, l'un des auteurs de l'étude, reconnaît, à titre personnel, qu'« Orange est allé trop loin ». Sans compter que, en raison de la régulation et des évolutions technologiques, « coupler la vente de l'accès et celle du contenu sera difficilement tenable sur le long terme pour les opérateurs », explique Antoine Pradayrol, qui dirige le pôle télécoms chez Exane BNP Paribas. La récente décision du tribunal de commerce de Paris de casser l'exclusivité d'Orange Sport illustre ce risque. Olivier Pinaud
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