En défaut sur sa dette, Thomson ne maîtrise plus son avenir

Pour sa première intervention publique depuis son arrivée à la tête de Thomson, il y a six mois, Frédéric Rose a fait preuve de transparence. La situation de Thomson est plus claire. Elle n'en est pas moins inquiétante.L'avenir du groupe est désormais entre les mains de ses créanciers, au nombre desquels toutes les grandes banques françaises, les Américains AIG, Citigroup, Bank of America, entre autres. Une fois ses comptes 2008 audités, d'ici à fin avril, Thomson enfreindra les clauses attachées à sa dette, ce qui les autorisera à demander son remboursement anticipé. Thomson, qui porte une dette nette globale de 2,1 milliards d'euros, ne pourra y faire face.Les dirigeants de Thomson, qui ont débuté des négociations avec les créanciers du groupe, parviendront-ils à les convaincre d'allonger la maturité de la dette ? De transformer leurs instruments en participation à son capital ? Thomson espère les persuader de la destruction de valeur qui résulterait d'une demande de remboursement anticipé. « L'épée de Damoclès tomberait sur les deux têtes en même temps », a estimé mardi Frédéric Rose. À toutes fins utiles, le groupe n'a pas exclu d'« entamer des procédures judiciaires pour suspendre les effets éventuels d'une telle déchéance du terme ».Ces annonces ont presque relégué au second plan les résultats 2008 du groupe. Thomson a enregistré une perte nette de 1,9 milliard d'euros, contre 23 millions en 2007, provenant pour l'essentiel de 1,6 milliard d'euros de dépréciations d'actifs, de survaleurs et de charges de restructuration. Le chiffre d'affaires a reculé de 7,7 %, à 4,8 milliards d'euros. Son flux de trésorerie d'exploitation a été négatif, de 591 millions d'euros.redressementPour convaincre ses créanciers, Frédéric Rose met en avant le travail accompli depuis son arrivée. Le groupe, en restructuration permanente, construit en empilant des acquisitions, a désormais un management le mettant sous tension. Les opérations sont en voie d'intégration, leurs coûts mieux contrôlés, l'accent mis sur le cash. Les cessions engagées ? Grass Valley, spécialiste des équipements vidéo pour professionnels, PRN, qui commercialise des réseaux de télévisions publicitaires, la régie publicitaire de salles de cinéma Screenvision ? permettront de recentrer le groupe autour de la fourniture de services aux créateurs de contenus (effets spéciaux, animation, postproduction, etc.). Frédéric Rose aura-t-il le temps de matérialiser sa vision de Thomson ?
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