Buenos Aires tente de calmer le malaise agricole

Théobald, sud de la province de Santa Fe, à 240 km de Buenos Aires : sous un soleil de fin d'été, des milliers de personnes assistent, ce 6 mars, à l'inauguration de la plus importante exposition de matériel agricole d'Amérique du Sud. Producteurs, exposants, visiteurs nationaux et étrangers pataugent dans la boue. Deux jours plus tôt, des pluies bienvenues ont contribué à effacer les marques de la sécheresse qui frappait l'Argentine depuis la mi-2008. Dans les champs alentour, à perte de vue, soja, maïs et tournesol attendent la récolte. On est au c?ur de la Pampa, une région vaste comme la France qui a fait du pays une des puissances agricoles de la planète. Pourtant, parmi les participants, l'inquiétude domine. Car l'agriculture argentine est en crise. Depuis un an, elle tourne au ralenti et, de proche en proche, la crise gagne les autres secteurs. interventionnisme À Santa Fe, où se concentrent les principaux fabricants de matériel agricole du pays, tracteurs et moissonneuses se vendent au compte-gouttes. Et les fermiers n'achètent plus de 4×4, obligeant les sous-traitants automobiles, autre fer de lance du développement provincial, à licencier.Si elle a été aggravée par la sécheresse et la baisse des cours internationaux, la crise de l'agriculture argentine a d'abord des origines internes. Depuis deux ans, le secteur est pénalisé par une politique gouvernementale alliant interventionnisme croissant et une forte pression fiscale. Sous prétexte de lutter contre l'inflation, les autorités ont bloqué les exportations de viande et de blé, ainsi que le prix payé aux producteurs de lait, entraînant la fermeture de nombre d'exploitations. Et elles ont voulu imposer l'an dernier une hausse de 35 % à 45 % de l'impôt sur les exportations de soja (50 % des surfaces cultivées et 25 % des exportations totales du pays), projet finalement rejeté par le Parlement après avoir déclenché plusieurs grèves paysannes. Mais le malaise persiste, les agriculteurs affirmant qu'au taux actuel de l'impôt la rentabilité des établissements de taille moyenne n'est plus assurée.Résultat : la production de céréales et d'oléagineux, qui avait atteint 100 millions de tonnes en 2007-2008, chutera de 20 % cette année et, pour la première fois depuis six ans, la production industrielle a marqué un recul en janvier. Une évolution suffisamment préoccupante pour que la présidente, Cristina Fernandez de Kirchner, ait déjà accepté, dans le cadre d'une négociation en cours avec les agriculteurs, de satisfaire certaines de leurs revendications, sur la viande, le blé et le lait notamment. Mais sans toucher à l'impôt sur le soja, qui procure 30 % des recettes fiscales de l'État. n
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