Les enseignes européennes investissent un New York en plein marasme

« New York, es-tu prête à dépenser jusqu'à épuisement ? » Dans un contexte de forte récession, l'ambiance et l'affluence réservées à l'inauguration du premier magasin américain de l'enseigne de vêtements britannique Topshop paraissent surréalistes. Quelques minutes après l'ouverture des portes de cet établissement de quatre étages, une file d'attente de plusieurs dizaines de mètres s'est formée à l'angle de Broadway et Broome Street, au c?ur du quartier de Soho.Avec sa cabine de DJ et sa maîtresse de cérémonie (« MC ») incitant, micro en main, au shopping, la « méga-boutique » new-yorkaise de la chaîne dirigée par le milliardaire Philip Green a, ce jour-là, des airs de discothèque. Ses 2.300 mètres carrés, ses 32 cabines d'essayage et ses 200 vendeurs sont là pour attirer les foules, surtout féminines. Même si Topshop se targue de vendre des vêtements branchés à prix raisonnable, dont une ligne dessinée par le mannequin Kate Moss, le « timing » de son ouverture la semaine dernière a pu paraître audacieux.Son cas n'est pourtant pas isolé. D'autres européens viennent ou s'apprêtent à occuper des adresses prestigieuses de la Grosse Pomme. Armani et dieselParmi eux, les italiens Giorgio Armani et Diesel, qui ont investi la Cinquième Avenue, et le designer britannique Matthew Williamson, confortablement installé dans le Meatpacking District. À l'instar de Topshop, ils ont généralement élaboré leurs projets avant la dégradation brutale de la conjoncture. Reste à tenir bon, jusqu'à la reprise promise par certains économistes en fin d'année.L'arrivée de ces étrangers (Omega, Bang & Olufsen?) apporte une bouffée d'air frais dans un contexte morose pour la distribution à New York. Selon l'agence immobilière Prudential Douglas Elliman, plusieurs sociétés ont annulé ou repoussé leur installation en ville. Surtout, quelques semaines après la liquidation de la chaîne de grands magasins d'appareils électroniques Circuit City, le britannique Virgin (produits culturels) vient de fermer son mégastore de Times Square, qui avait revitalisé le quartier. Son second magasin new-yorkais, sur Union Square, subira le même sort fin mai.Les Virgin Megastores ont succombé à l'essor de la vente de musique sur Internet. Mais, aux États-Unis, le climat est maussade pour la plupart des grands magasins. En mars, leurs ventes se sont contractées de 2,1 %, selon le Conseil international des centres commerciaux (ICSC). « Il y avait un samedi de moins que l'an dernier et Pâques tombera cette année le 12 avril », et non le 23 mars comme en 2008, explique son chef économiste, Michael Niemira. Reste que ces chiffres sont nettement inférieurs aux attentes du Conseil, qui tablait, au pire, sur un repli de 1 %.magasins inoccupésÀ New York, les boutiques de proximité ne sont pas épargnées. « Quand l'économie prend froid, les PME attrapent une pneumonie et beaucoup trop de nos magasins de proximité, colonne vertébrale de l'économie de la ville, sont affectés par la récession », s'indigne Anthony Weiner, élu de New York à la Chambre des représentants. Selon lui, 12,1 % des 726 magasins des quatre districts (hors Manhattan) composant New York sont inoccupés, car fermés ou en passe de l'être.Éric Chalmet, à New York. bloomberg
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.