Sur les 400 millions d'adultes qui vivent dans les campagnes indiennes, plus de 300 millions, « fermiers marginaux, paysans sans terre, travailleurs du secteur informel et migrants », n'ont pas de compte en banque, note une étude du cabinet de conseil en technologies BDA. Pour les banques, s'implanter dans les campagnes, difficiles d'accès et aux infrastructures défaillantes, est extrêmement coûteux. D'où l'intérêt de s'appuyer sur le téléphone mobile. Selon BDA, une transaction bancaire coûte 50 roupies (75 centimes d'euro) en agence contre 10 roupies sur Internet et? 2 roupies sur mobile.pour les illettrés aussiParmi les nombreuses expérimentations en cours, le projet Eko, qui s'adresse aux populations immigrées de la capitale indienne, repose sur la fourniture de services bancaires sur le téléphone portable du client. Le représentant de la banque est un commerçant du quartier. Pour ouvrir son compte, le client n'a besoin que d'une preuve d'identité et d'un téléphone. Une fois l'inscription faite, toutes les opérations se font sur le mobile. Un dépôt de cash (versement minimum 50 roupies !) se fait en donnant l'argent au commerçant qui, sur son propre portable, crédite le numéro de mobile du client. Ce dernier peut aussi faire un virement vers un autre compte. « Le client n'a à taper que des chiffres, ça marche donc pour les gens illettrés ou qui ne parlent pas anglais », souligne Kunal Bajaj, directeur général de BDA.Encore faut-il que le client possède un téléphone portable. Or, dans les campagnes, il n'y a que 26 millions de foyers non bancarisés à en avoir un. D'où le projet très innovant monté par la société A Little World. Là, l'épicier du village reçoit un téléphone portable sécurisé qui va devenir une véritable agence bancaire à lui tout seul. Le portable contiendra en effet tous les détails sur les clients du village, leur identité, leurs comptes. Complété par un équipement très simple comprenant une imprimante munie d'un scanner permettant de prendre les empreintes digitales des clients, le mobile permet d'offrir tous les services bancaires de base : le client qui vient chez l'épicier peut procéder à des retraits ou des dépôts de cash, faire des virements, etc.A Little World a le statut de « business correspondent » qui lui permet de travailler comme agent pour les banques classiques. La société travaille ainsi pour 24 banques, pour lesquelles elle a déjà recruté 1,2 million de clients.Patrick de Jacquelot, à New Delhi
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