Élégance et modernité Dans un fauteuil

exposition D'abord une précision. Louis XVI, semble-t-il, n'est pas mort. Il n'a pas disparu sous la Révolution française. La preuve en est de son style avec les meubles. En l'occurrence, les fauteuils qui, bien des siècles plus tard, ont gardé des allures royales. Pas un ébéniste qui échappe à l'influence avec des variations plus fantaisistes les unes que les autres. Mais ce n'est pas le propos. Juste une parenthèse. Il s'agit, dans cette exposition de la Galerie des Gobelins, de tapisseries qui évoquent les commandes de l'État. De son évolution sur un demi-siècle.En 1900, les tapisseries sont encore marquées par le XVIIIe, avec des motifs à la Watteau. Jules Chéret, dès 1903, va pousser cette image vers la modernité. Ses motifs de femmes et de fleurs ont encore l'élégance du passé, tout en s'ancrant dans une esthétique frivole, proche de ce que sera Jacques-Émile Blanche. L'illustration est encore simple. Elle va devenir, au cours des ans, plus narrative. Les fauteuils et autres écrans de cheminées, qui meublent les ministères, les ambassades ou le palais de l'Élysée, en témoignent. En tapisserie, on aime raconter des histoires. Il en est ainsi des « Beaux Dimanches », imaginés par Paul Véra, un florilège de pique-niques, de parties d'escarpolettes, de fêtes champêtres... chasse et équitationToujours sur le thème de la vie quotidienne, Maurice Tacquay, dans les années 20, exalte la chasse et l'équitation. De son côté, Jean Véber privilégie les contes de fée avec « la Belle et la Bête », « Barbe-Bleue » ou les « Fables » de La Fontaine. Si ces artistes ne sont pas très connus, on remarque là des créations de Lurçat, ici un ensemble sur Paris de Dufy, ou des natures mortes d'Odilon Redon. Mais le plus surprenant dans cette avancée de la tapisserie vers la modernité, c'est l'utilisation de l'histoire. Dans les années 20, Robert Bonfils reproduit des images de la guerre 14-18. Fantassins en armes, marins, avions, canons, sont là pour glorifier une époque. Ce n'est rien à côté des fauteuils de la salle du Conseil de l'Élysée, dont les tapisseries sont dues à Émile Gaudissant (1927-1933), décorés selon la fonction de celui qui l'occupe, président ou ministre. Pour les transports publics, une grue, pour l'agriculture, des gerbes de blé, et ainsi de suite. Ce qui paraît désuet aujourd'hui pouvait être audacieux à l'époque. Cela témoigne, à travers quelque 200 pièces, que la République durant cette période ne fut jamais, avec ses commandes, en mal d'imagination. n « Élégance et modernité 1908-1958. Un renouveau à la française. » Galerie des Gobelins, 42, avenue des Gobelins, Paris 13e. Tlj sf mar. de 12?h?30 à 18?h?30. Jusqu'au 26 juillet. Tél.?: 01.44.08.53.49.
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