Carlos Ghosn très inquiet pour les équipementiers

Infographie2cols x 115mmVoilà juste un an, Carlos Ghosn avait été un des premiers dirigeants mondiaux à tirer la sonnette d'alarme sur la gravité de la crise. Les observateurs avaient alors pensé que le patron de Renault noircissait le tableau à dessein pour préparer les esprits aux mauvais résultats du constructeur. Un an plus tard, force est de reconnaître qu'il avait raison et qu'il était même en deçà de la vérité. Quelle est aujourd'hui sa vision du marché automobile pour les mois à venir ? C'est ce qu'il a détaillé jeudi soir devant quelques journalistes.Du côté des bonnes nouvelles, « la crise financière est plutôt derrière nous », a-t-il assuré. Les constructeurs peuvent donc à nouveau se financer à des taux normaux, de 4 % à 6 %. Les ventes en Europe ont redémarré, grâce aux primes à la casse instaurées dans différents pays. Et les nouveaux modèles comme « Mégane et surtout Scénic affichent de très bons résultats », selon lui. Si bien que les usines ont été remises en marche et qu'il n'y a presque plus de chômage technique, sauf à Sandouville, près du Havre, à cause de problèmes d'approvisionnement.Mais tout n'est pas rose pour autant. À court terme, « le risque le plus important se trouve du côté des fournisseurs », estime-t-il, redoutant de nombreux dépôts de bilan. Une situation qui pourrait inciter les constructeurs à « récupérer des morceaux » de ces activités pour ne pas manquer de sièges, planches de bord ou autres composants. Une « réinternalisation » à l'exact opposé du mouvement opéré par les grands constructeurs voilà une quinzaine d'années. Mais comment faire autrement ? « À Paris, nos équipes achats passent 35 % de leur temps à régler des situations d'urgence chez les fournisseurs », explique Carlos Ghosn. À terme, c'est une consolidation de l'industrie équipementière qui se prépare. Avec « un gros effort de standardisation chez les constructeurs », afin que les fournisseurs livrent moins de pièces différentes mais dans des volumes plus importants.« sortie en sifflet »À moyen terme, c'est la possible fin des primes à la casse qui inquiète le patron de Renault. Ces primes, jusqu'à 1.000 euros en France et 2.500 euros en Allemagne, soutiennent le marché européen à hauteur de 5 % à 10 % selon lui. « Elles aspirent la demande en amont et il y a donc un risque de trou d'air au moment de leur disparition ». Carlos Ghosn prône une « sortie en sifflet » de ce dispositif, avec baisse progressive du montant des primes. Avec ce soutien artificiel de la demande, il n'est pas sûr que le marché européen ait touché son plus bas, car « on ne sait pas où est le fond ». C'est pourquoi le patron de Renault et de Nissan ne prévoit pas de reprise en Europe avant début 2011 alors que les ventes aux États-Unis et dans les pays émergents pourraient repartir dès le début 2010.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.